Hina : Vie De Yakuza

Chapitre 27

Le temps semblait s’être arrêté. Plus personne n’existait à ce moment-là. Il n’y avait que lui et moi. La musique paraissait si lointaine, recouverte par les battements de mon cœur.
Quatre mois sans le voir et la haine que je ressens à travers ses yeux est toujours aussi puissante. La lumière est faible, mais j’arrive à y déceler sa colère. Je la ressens et c’est ce qui me fait prendre conscience du danger.

Qu'est-ce qu'il fait ici ? Est-ce qu'il m'a suivi ?

Je recule d’un pas, puis de deux avant d’ouvrir en trombe la porte des toilettes. Ma sœur s’y trouvait, en train d’essayer son khôl. Je l’attrape par la poignée, la forçant à sortir de là. Elle se détache, puis me regarde affolée. J’avais perdu toute contenance. Il m’a promis que si on se revoyait, il me tuerait et je ne veux pas mourir, encore moins entraîner ma sœur là-dedans.

-Qu'est-ce qui t'arrive, Hina ? On dirait que tu as vu un fantôme !

— J'aurais préféré. Dis-je en attrapant sa main.

Elle me suit sans comprendre ce qu'il se passait. Je n'arrivais pas à parler, à avoir les idées claires. Izumi me demande de ralentir le pas, mais ce n'est qu'une fois sur le parking que mes épaules se détendent, que j'abaisse ma garde. Je fouille dans mon sac, cherchant mes clés de voiture, quand j'entends ma sœur se débattre. Elle n'a pas le temps d'émettre un cri qu'une main se pose sur sa bouche, l'autre sur sa taille, la bloquant contre un corps.
À mon tour, je me sens propulsée contre le capot de la voiture, une main emprisonnant ma gorge, une masse bloquant mes mouvements.

-Qu'est-ce que tu fais ici ? me souffle-t-il à l'oreille

C’était lui. Je ne l’avais pas fui, il m’avait chassée. Sa main chaude sur ma peau jouait sur mes terminaisons nerveuses. Je n’arrivais pas à déchiffrer si c’était un frisson de peur ou de plaisir à ce moment.

- Lâche ma sœur, elle n’a rien à voir là-dedans.

Son corps toujours contre le mien. Son visage, ses lèvres si proches de ma joue, son souffle sur ma peau. Sa main glisse légèrement avec une lenteur meurtrière sur mon flanc et je ne peux résister, mon corps réagit à son contact. Sa main se niche sur ma taille, puis jusqu’à l’ourlet de ma robe. J'ouvre les yeux, les plongeant dans la noirceur des siens.
Ma poitrine contre son torse musclé, se soulève à un rythme pas permis quand sa main glisse sur ma cuisse.

- Qu'est-ce que tu fais ? Soufflais je

Il retire sa main, laissant un froid sur ma peau, pour la placer devant moi, mon kunai entre ses doigts. Il sourit, satisfait de ma réaction. Et je maudis mon corps d'être si sensible à son toucher.

- Dangereuse, dit-il à mon oreille.

- Qui sont ses hommes, Hina ? dit Izumi.

- Relâche ma sœur Satoshi.

-Satoshi, déclare-t-elle en comprenant qu'il y était.

- Ravi de te rencontrer, dit-il en regardant ma sœur. Tu vas rester avec mes hommes, le temps que je discute un peu avec ta sœur.

- NON ! Relâche-la, elle n'a rien à voir dans nos histoires ! Satoshi, je t'en supplie...

Je me débattais sous son emprise, je refusais qu'elle reste ici, sans moi et avec eux. Ma sœur n'arrivait plus à retenir ses sanglots, me suppliant de l'aider mais je n'avais pas un mot à dire et j'étais encore moins en position de force. Satoshi me bloqua encore plus fort contre son corps et la voiture, sa main serra ma mâchoire puis me força à plonger mes yeux dans les siens.

-Il ne lui sera fait aucun mal.

Il comprit ma panique et son visage s'adoucit une seconde pour me le faire comprendre et ses mots suffisent à me calmer. Je regarde ma sœur, lui demandant de rester tranquille le temps que je revienne.
Izumi reprit le chemin de la boîte avec un de ses hommes que je ne connaissais pas tandis que Satoshi m'empoigne le bras m'obligeant à le suivre. Je ne savais pas où il comptait m'emmener, certainement dans un sous-sol pour me réclamer des informations que je n'ai pas. Mais au lieu de ça, nous voilà dans le parc d'Ueno, non loin du club. Un parc apprécié surtout les soirs de printemps, comme ce soir-là, où les feuilles de cerisier, les Sakura, sont en floraison. Nous passions inaperçus entre les joggeurs et les jeunes couples qui se baladaient sous les illuminations nocturnes. Si je n'avais pas la pointe de mon Kunai plantée contre le bas de mon dos nu, on aurait pu nous croire en balade amoureuse. Je ris à cette pensée farfelue avant de la chasser.