Chapitre 25

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- Nos clans n'ont pas toujours été ennemis. Mon père et celui de Shogo étaient de vieux amis et c'est ce qui avait permis de garder la paix entre nos deux clans.

Je n’osais pas bouger ni même respirer. J’avais peur qu’il cesse son récit, qu’il cesse de me laver les cheveux également. Ses mouvements circulaires démêlaient le stress dans ma tête et dans mon corps. Je fermais les yeux à chaque fois que ses doigts passaient près de mes oreilles ou frottaient le bas de mon crâne.

- Shôgo était comme un frère pour moi, mais son orgueil et sa soif de pouvoir l'ont rendu ainsi. Il ne respectait en rien le code de conduite et se fichait des règles imposées entre clans.

- Et mon père a fini par comprendre.

- Il voulait dissoudre les clans et n'en faire qu'un, faisant de lui le seul Oyabun du Japon.

-C'est impossible, comment aurait-il pu faire ça ?

- Il y a beaucoup de choses que tu ignores.

Il retire ses mains, puis attrape le pommeau de douche. Je le regardais faire, surpris et dans l'incompréhension totale. Il se repositionne derrière moi, le tee-shirt et le pantalon à moitié mouillés.

-Ton père a récolté toutes les preuves. Il voulait que je dénonce Shogo au conseil, mais c'était trop tard. Ton Oyabun avait un coup d'avance.

Il finit de me rincer les cheveux, puis actionne à nouveau le jet du haut. Il sort de la douche et, malgré l'eau brûlante sur ma peau, le froid parcourut mon corps.

- C'était quelqu'un de bien. Ton père, dit-il en m'observant. Il connaissait les dangers et a malheureusement subi les conséquences.

La douleur et la rage me submergent, j'ai perdu mon père car il voulait défendre ses principes, ceux de son clan. J'ai été bêtement manipulé par Shogo, je ne pourrai jamais me le pardonner.

- Satoshi ? L'ai-je interpellé avant qu'il ne parte.

Il me regarde par-dessus son épaule et le peu d'humanité qu'il lui restait en me parlant a disparu. Ses yeux se sont plissés, comme s'il venait de découvrir une nouvelle fois ma trahison.

- Que vas-tu faire de moi ?

- Je n'ai pas encore décidé.

Il me laissa sur ces mots. S’il me maintient en vie, c’est qu’il tient encore un peu à moi, mais s’il n’a pas décidé de me laisser entièrement en vie, c’est qu’il souhaite tout de même me tuer. L’attente est pire que tout. J’avais besoin de savoir ce qu’il allait advenir de moi, mais il n’a pas su me donner la réponse.

De retour dans la chambre, les draps ont été changés et de la vraie nourriture était posée sur le lit.
Je ne me fais pas prier et mange le bouillon et le riz.

Je n'avais toujours pas la notion du temps. Je ne savais pas quel jour nous étions, ni combien de temps s'était écoulé depuis le meurtre de Shogo. Ce que je sais, c'est que je suis enfermé dans cette chambre depuis plus d'une semaine.
Mon frère doit être mort d'inquiétude, à me chercher. J'ai peur qu'il y ait eu un bain de sang et que mon frère en soit la victime.
Les perfusions ont fait leur travail et je me sens beaucoup mieux. Je ne peux pas sortir, mais je marche dans ma chambre pour ne pas non plus atrophier mes muscles. Mes joues ont repris des couleurs et ma plaie est propre. Pas très belle, mais propre.

Le jour suivant, j'ai eu droit à la visite de Satoshi. Il referma la porte derrière lui, puis s'assit sur le fauteuil noir près de la fenêtre.
Je me fis violence pour paraître la plus normale possible devant lui. J'essayais de calmer les battements de mon cœur et de ne plus avoir la moindre attirance envers lui.

Hina : Vie De YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant