Regret

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- Ça ne va pas ? S'inquiète-t-il.

Il a dû sentir mon corps se raidir puisqu'il quitta ma poitrine pour me regarder. Il faut que je masque mon mal-être, mais tellement de choses me prennent aux tripes en ce moment.

- Les séances de sport finissent toujours comme ça ? Dis-je en changeant de sujet

- Seulement si c'est avec toi, dit-il en embrassant mon cou.
Avec moi.

- Je vais prendre une douche, lui ai-je dit en me levant.

Je regarde par-dessus mon épaule Satoshi qui me regarde marcher entièrement nu jusqu'au vestiaire. J'émets un petit rire qui le fait lever les yeux jusqu'à moi. Il se lève à son tour, seulement vêtu de son caleçon, sourire enjôleur aux lèvres.
L'eau chaude, comme à son habitude, fait l'effet escompté. Mes épaules se détendent et je ferme les yeux, savourant le plaisir de la douche.
Une main se glisse sur ma taille, l'autre dans mon entrejambe. Surprise par cette intrusion, je me cambre contre lui, prête pour le deuxième round.

- Je te ramène chez toi, on viendra récupérer ta voiture demain, dit-il en ramassant son sac.

Un claquement de porte nous fait sortir de notre bulle. Je sursaute de peur. Qui peut bien être là à cette heure-ci ?
Il me prend la main, puis me tire jusqu'au fond de la pièce, à l'abri des regards. Il sort de l'arrière de son pantalon une arme, puis vérifie le chargeur avant de l'enclencher.

- Appelle Hoshio, dit-il en me lançant son portable.

J'essaie de calmer les tremblements pour appeler discrètement son bras droit. Je lui explique la situation dans laquelle nous nous trouvions.

- Ils arrivent, lançai-je.

Planquée derrière lui, je serre son bras pour me donner du courage. Nous ne savons pas combien d'hommes sont là, ni qui ils sont. Ce dont nous étions sûrs, c'est qu'ils étaient venus pour en découdre. Quatre hommes passent la porte et se séparent. Son corps entier était tendu. Il se retourne pour empoigner mes épaules et me coller contre le mur qui nous protège.

-Surtout ne bouge pas d'ici. Si ça devient compliqué par là, dit-il en guettant les alentours.

- Qu'est-ce que tu fais ? Tu vas où ? Lui chuchotais-je.

- Je vais tuer ces fils de pute.

-Laisse-moi venir avec toi ! dis-je en lui bloquant le passage.

- Tiens, prends ça, dit-il en posant une deuxième arme entre mes mains.

Un des hommes s'approche de nous, alerté par nos chuchotements. Il lève son bras et commence à nous cribler de balles. Les deux autres suivent, nous entraînant dans un orchestre assourdissant.
Satoshi me pousse derrière lui, puis ne laisse apparaître que son bras droit du mur pour répliquer à son tour.
Quand ils ont compris que Satoshi n'avait plus de munitions, ils ont arrêté de tirer.

- Vous êtes coincés ! Nous dit l'un des hommes en chargeant son arme.

Satoshi essaie de s'approcher de lui, mais une balle atterrit à ses pieds, l'empêchant d'aller plus loin.

- Putain ! crache Satoshi entre ses dents. Il faut qu'on arrive à tenir le temps qu'ils arrivent.

L'adrénaline a atteint son paroxysme. Prise d'un élan de courage, je m'éloigne de lui, puis prends les escaliers derrière moi pour tenter quelque chose. Je ne pouvais pas rester sans rien faire. Je n'ai pas fait tout ça pour mourir ici.
Je l'entends m'appeler, mais je fais abstraction.

À mesure que je grimpe les marches, mon cœur risque de trahir ma présence tellement il bat fort. Les larmes aux yeux, j'avance à pas de loup jusqu'à l'homme adossé à la balustrade, son arme pointée au-dessus de Satoshi. Au moindre mouvement, il risque d'y passer.
Qu'est-ce que je comptais faire ? Aucune idée. Mon arme chargée, serais-je capable de tuer un homme ? Ma main tremble à mesure que mes pas avancent en sa direction. Mais c'est son compère, le quatrième homme, sorti de nulle part, qui me vise. Paniquée, je pointe en sa direction et tire, en plein cœur.
Son corps s'effondre. Mort. Il est mort.
Je lâche mon arme, réalisant ce que je venais de faire.

Hina : Vie De YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant