Oyabun

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Me voilà en pyjama, devant l’entrée d’une boîte de nuit. On me regardait de haut en bas. Je pense que même moi j’aurais réagi pareil devant une personne habillée ainsi. Ils auraient pu me prévenir, je me serais changé. Je leur ai jeté un regard assassin, mais je n’ai eu droit qu’à des rires moqueurs et à une bousculade pour me faire avancer plus vite.

Le vigile nous laisse entrer sans encombre. Une fois à l'intérieur, la musique nous attaque les tympans. Les vibrations étaient tellement intenses que je les sentais à l'intérieur de mon corps. Les jeux de lumières donnaient une ambiance intense, sensuelle.. Le rouge primait sur la noirceur des murs. Certains dansaient, d’autres buvaient ou s’embrassaient. Dans les coins assez reculés, certaines se faisaient limite prendre à la vue de tous.
La boîte était sur deux étages. Je fais un 360 en marchant, c'était vraiment grand. On pouvait voir des pièces vitrées mais teintées, des VIP je pense.

- Avance, tu t'amuseras après, me dit un soldat en me poussant.

Je ne réplique pas et continue jusqu'à l'escalier qui donnait à l'étage, où deux Yakuza montaient la garde. Les hommes se font un signe puis nous laissent atteindre le deuxième pour me guider devant une porte surveillée également par deux autres Yakuza. Il m'ouvre la porte et me pousse à l'intérieur avant de refermer derrière moi.

Ma haine refait surface en le voyant. Assis sur un canapé entouré de filles, toutes plus belles les unes que les autres. Elles me détaillent de haut en bas, rigolant de ma tenue. Le pire, c'est qu'elles n'étaient pas plus habillées que moi.

- Donc c'est toi, la serveuse qui a sauvé Hiroshi.

Il repousse une des filles en lui claquant les fesses, ce qui la fit glousser. Il écrase sa cigarette et s'approche de moi. Je ne détourne pas les yeux, je continue de maintenir son regard. Je voulais lui montrer qu'il ne me faisait pas peur, que son statut d'Oyabun m'importait peu.

- Il allait mourir, j’ai fait ce que j’avais à faire.

Je finis par détourner son regard, sa proximité me perturba mais il m’attrapa le visage, me forçant à lui faire face. Ses yeux noirs me scrutèrent, m’analysèrent. Il sourit, tel un psychopathe. Je tentai de retirer sa main mais il resserra son emprise. « Sortez tout. »

Ni une ni deux, plus personne. Je tente un appel à l'aide à travers mes yeux, mais elles sont sorties sans une once de pitié pour moi.

- Sais-tu qui est Hiroshi ? Non. C’est bien ce qu’il me semblait. Hiroshi est mon bras droit, mon waka-gashira.

Jackpot !

Il me relâche puis retourne s'assoire, jambe écarter, les bras étendu sur les dossier. Il puait la supériorité et il le savait. Son chignon parfaitement tiré faisait ressortir les traits de son visage.

- Hiroshi a une dette envers toi, J'ai une dette également envers toi. Donc quoi de mieux que de te faire bosser pour moi.

Quel homme modeste. Je le toise, incapable d'en faire plus. Intérieurement, je dansais. Mon plan allait avancer.

- Je travaille déjà pour vous. À l'Ogata.

- Oublie ça, dit-il en secouant sa main. On a besoin d'un nouveau médecin.

- Mais je ne suis pas médecin !

- Tu lui as retiré une balle dans un restaurant, je pense que tu peux faire plus que tu ne le laisses imaginer. Mes hommes m'ont tout raconté.

- Je ne sais pas trop, lui ai-je dit faussement hésitante.

Il se lève et s'approche dangerement de moi. Je bute contre la porte, bloquer.

Hina : Vie De YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant