Sakazuki

173 7 0
                                    

Il m’a fallu plusieurs minutes pour comprendre que je suis chez Satoshi, dans la chambre que j’occupais. Il faisait nuit et la pièce était plongée dans l’obscurité totale.
J'essaie de me redresser, mais mon corps souffre de partout. J'émets un cri de douleur, mais au bout d'une cinquième tentative, j'arrive à me redresser.
Je frotte mon visage entre mes mains. Aïe.

Je me lève puis avance faiblement jusqu’à la salle de bain. En allumant, je crie. C’est tout ce que j’ai pu faire. Le visage tuméfié, la lèvre fendue sans parler de mon arcade recousue.

Mon corps porte les stigmates de ce que j’ai pu vivre hier soir. Je me rappelle pourquoi je ne portais plus mon short. La panique me prend. Je soulève la cuvette et vomis mes tripes.
J’ai encore la sensation de ses mains sur mon corps, de son regard et de ses mots. Je ressens ses coups, ses gestes. J’ai l’impression de revivre mon agression.

Je veux mourir.

La porte de la salle de bain se fracasse contre le mur. De peur, j’attrape la première chose que je trouve : une brosse à cheveux. Ma respiration reprend son rythme quand je vois Satoshi. Il semble ne pas avoir dormi depuis des nuits, tant son visage est fatigué.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? lui dis-je en posant la brosse.

Il tente de s’approcher de moi, mais je recule. Par peur ? Par instinct ? Il remarque mon geste, puis finit par s’adosser au grand vase.

- Si j’étais arrivé trop tard, il t’aurait…

Il ne finit pas sa phrase, mais son corps tendu parle pour lui. Ses phalanges rouges montrent à quel point il n'a pas été tendre avec ce Yakuza..

- Comment te sens-tu ? s’inquiète-t-il.

Morte.

- En vie.

- Ne me ment pas Sakura.

- Qu'est ce que tu veux que je te dise ! Hurlais-je. Je me suis fais défoncer la gueule. Je parie que l'homme que je devais sauver est mort ?

- Personne n'oubliera ton acte.

Je tourne sur moi-même, me pinçant le nez. Je pleure, mais pas seulement de douleur, de rage également.
Est-ce vraiment en train d'arriver ? Je n'ai pas réussi à sauver cet homme. Je me suis seulement fait défoncer et j'ai subi une agression.

- Je suis désolé, dis-je en m'inclinant. Je n'ai pas réussi à le sauver, je n'ai pas-

Il m'empêche de m'incliner en posant ses mains sur mes épaules. Je me redresse à son contact. Mes yeux humectés de peur, il me regarde avec la plus grande douceur. « Ce n'est que moi. »

Ce n'est que lui.

- Hiko, lui, est vivant. Tu lui as sauvé la vie. Tu devrais prendre une douche, dit-il en regardant mes jambes.

Il a raison. Je suis sale, dans tous les sens du terme. J'ai du sang à sécher dans les cheveux et sur pratiquement tout le corps.

Il retire ses chaussettes puis entre dans l’immense douche italienne. Il actionne le mitigeur, règle l’eau à une température qui a l’air de lui plaire puis s’approche de moi.

— Laisse-toi faire.

Je n’étais pas en position de force. Je savais qui il était, je savais ce qu’il avait fait à ma famille. Je ne peux pas oublier, jamais. Mais juste ce soir, je vais le déplacer dans un coin de ma tête et accepter son aide.

- Lève les bras.

Je me retourne, rouge de honte, puis lève douloureusement les bras. Il retire avec délicatesse ce qui restait de mon tee-shirt.

Hina : Vie De YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant