Désir

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Satoshi m'a donné la semaine pour me reposer. Mais je n'arrivais pas à retrouver mon équilibre. Dès que je fermais les yeux, les images de cette nuit horrible me revenaient à l'esprit. Chaque soir, je me retrouvais en nage, les cheveux collés de transpiration et il m'était impossible de me rendormir après ça. Physiquement, les bleus s'atténuaient mais psychologiquement c'était plus dur.
La solitude me rongeait et m'angoissait, je ne supportais plus d'être seule avec mes peurs. Je ne suis pas sortie de la semaine, entre la fatigue et le stress, je ne tenais pas debout.

La seule sortie que je me suis autorisée, ça a été pour rejoindre Shogo à l'institut.
Il a exigé de me voir, donc je me prépare, me couvrant au maximum, puisque l'hiver est là, le froid également.
Emmitouflé dans mon gros manteau kimono, je chausse mes bottines et descends combattre le froid.
Deux taxis me passent devant moi avant qu'un ne décide de s'arrêter.

Il me faut vraiment une voiture.

L'hôtesse me sourit puis me prend mes affaires pour les ranger. J'étais devenue une habituée, je venais assez régulièrement pour mes épilations.

Il était déjà là à m'attendre. Assis sur un fauteuil, téléphone à la main, il portait un pantalon à pince gris, une chemise foncée et son long manteau était accroché au porte-manteau.
Je me racle la gorge pour me faire entendre et m'incline.

La pilule n'était toujours pas passée. Je n'ai pas oublié la dureté de ses mots et les menaces qui ont suivi.
On a vécu des choses qui ne sont peut-être pas réelles pour lui, mais pour moi, elles le sont, et c'est dangereux. Il peut faire ce qu'il veut de moi, et il le sait.

Je lui raconte tous les derniers événements et bien que j'aie hésité, j'ai fini par lui avouer mes rapprochements avec Satoshi dans l'espoir d'éveiller un soupçon de jalousie, mais il se contenta de sourire, satisfait de la tournure que prenait cette mission.

- Donc tu fais partie de leur clan maintenant. C'est parfait. Tu vas avoir accès à absolument tout.

- Oui, donc ne menace plus de me tuer, dis-je sèchement.

- Il te mange dans la main Hina, dit-il avec un brin d'excitation.

Il s'approche de moi, puis, une fois près de mon oreille, il me dit : « Il embrasse mieux que moi ? »

Ses lèvres effleurent les miennes mais ne les touchent pas. Je ferme les yeux, retenant mon envie d'agripper ses cheveux et de le plaquer contre moi.

- Ce n'est qu'un travail, je n'y prends aucun plaisir, lui ai-je dit en le repoussant.

Mensonge. Tu le sais ça que tu mens.

- Bonne réponse. Tu sais ce que tu as à faire.

- Tuer Satoshi.

-Hina !

- Trouve cette clé avant, dis-je en levant les yeux au ciel.

- Très bien, dit-il en remettant sa veste.

- Mon frère, comment va Katsuro ?

- Il est encore à l'hôpital. Son état est stable, mais il a du travail pour se remettre sur pied.

L'entendre me dire cela allégea le poids sur mon cœur. D'humeur plus détendue, je m'assis sur la table de massage, le plus loin possible de lui.

- Il t'a parlé de moi ? J'espère qu'il ne s'inquiète pas trop.

Il s'approche une nouvelle fois, le visage plus détendu.

- On prend soin de ta famille, ne t'en fais pas. Occupe-toi de ce que tu as à faire ici.

Hina : Vie De YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant