Hina : Vie De Yakuza

Confession

Sentant que le coup ne venait pas, j'ouvre les yeux et tombe sur Jun, sa paume bloquant le poing de mon adversaire. Il le repousse et le plaque au sol pour le ruer de coups. C'était violent, il ne s'arrêtait que lorsque le Yakuza au sol ne bougeait presque plus.
Certains montent et s'en prennent à Jun quand d'autres s'en mêlent pour le défendre. C'était l'euphorie. Toujours au sol, je recule contre le coin du ring, spectatrice jusqu'à ce que Satoshi perde patience et monte à son tour sur le ring.

- Vous êtes tous frères ici, l’avez-vous oublié !

Tous s’arrêtent et s’inclinent devant lui. Je me redresse tant bien que mal. L’adrénaline évaporée, les douleurs font surface. Mes côtes me font terriblement mal et c’est une main posée sur mon flanc gauche que je m’approche d’eux, le regard fixé empli de rage sur Jun.

- Pourquoi es-tu intervenu ! Je ne t’ai rien demandé ! Hurlais-je

-Tu étais en train de...

- De quoi ? Quoi ! Je n'ai besoin de personne ! Je peux me défendre toute seule !

Je bouillonnais de rage et les dizaines de paires d'yeux me fixant accentuaient la chose. Je retire mes gants pour les jeter aux pieds de Satoshi avant de descendre du ring. Je vais au vestiaire prendre mes affaires et fonce jusqu'à ma voiture.
Mais qu'est-ce que je fais là ? Je ne vais jamais réussir à en finir, je vais rester bloquée ici, à essayer de trouver des informations que je ne pourrai jamais trouver, qui sait ?

Mon téléphone ne cessait de sonner, mais je continuais de rouler, encore et encore. Je ne savais pas où j'allais, mais je ne voulais pas rentrer chez moi. Je me regarde dans le rétroviseur et touche ma paume qui commence à virer au bleu. Les virages me rappellent que mes côtes ont aussi pris un coup, donc je ralentis, puis finis par me garer. Je pose ma tête contre le volant et pleure. De rage, de haine et de douleur. Je ne me comprenais plus, je ne comprenais plus non plus ma présence, pourquoi je faisais ça. J'étais tellement seule et perdue. Je ferme les yeux, épuisée.

Je suis restée dans ma voiture à décider le pour et le contre, à essayer de comprendre si je devais interpréter ça comme un signe le fait d'être devant ce club. La lune était déjà bien haute, je m'étais assoupie mais à mon réveil, je n'avais pas bougé. J'étais paralysée. Le monde affluait mais je ne le voyais pas. Shogo. J'avais roulé jusqu'à ma ville, j'étais devant un des repères de mon clan, ma famille, de Shogo. Ma jambe tremble, je ne suis pas censée être là, il me tuerait s'il me voyait. Mais j'avais besoin de le voir, j'avais besoin de lui à ce moment-là. J'avais roulé inconsciemment jusqu'à lui. Je devais le voir.

Je laisse toujours un sac dans mon coffre avec des vêtements de rechange pour le "au cas où". Je trouve une veste à capuche noire, parfaite pour dissimuler mon visage.

J'essaie de ne pas me faire remarquer. Je marche tête baissée, les mains dans les poches, espérant le voir. Mais je suis obligé de montrer mon visage au Yakuza à l'entrée qui a mis un certain temps à me reconnaître avant de me laisser entrer.

- Il est là ? demandais-je tout bas.

- Carré VIP, dit-il en ouvrant la porte.

Je longe les murs jusqu'à l'étage, évitant de croiser le plus de regards possible. Chaque mouvement est un supplice pour mon corps endolori, mais je prends sur moi pour ne pas flancher.
Tout le monde sort alors que j'avance, et il était bien là, assis sur sa banquette, une femme à califourchon sur lui, lui mangeant la bouche. Ses mains caressait ses cuisses et ses fesses. Je recule de dégoût et trébuche. Il m'entend, repousse la femme et dégaine une arme dans ma direction.

Toujours à terre, je recule et réussis à me relever, morte de peur. Il me reconnaît mais ne baisse pas son arme, il me regarde, longuement. Un frisson de peur me parcourt l'échine. Je n'ai pas le droit d'être là et son regard en dit long. Il se lève mais j'ai été plus rapide, je prends mes jambes à mon cou et cours, une fois de plus jusqu'à la sortie.
Il me suit mais je réussis à atteindre ma voiture. Il s'arrête sur le trottoir et me fixe. La chemise à moitié déboutonnée, les lèvres encore gonflées et le visage de marbre. Un dernier coup d'œil dans sa direction puis je démarre à toute vitesse.