Chapitre 23

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-Hina, Hina, ma pauvre Hina, dit-il en se retournant.

L'arme toujours braquée sur lui, il n'avait pas peur. Au contraire, il jubilait, comme si la partie était gagnée d'avance. Ma peur refait surface. Me retrouver seule avec lui a réduit à néant ma force mentale.

- Tu es tombé à point dans mon plan. Tellement faible, dit-il en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. - Tellement fragile et manipulable.

Je n'avais remarqué que nous étions proches que lorsque sa main glissa dans mes cheveux. J'étais tétanisée, je n'ai pas réagi quand il abaissa mon arme. Une douleur aiguë me tirailla le ventre. Il venait de me planter un couteau jusqu'à la garde. Il empoigna mon visage, me força à le regarder quand il le retira d'un coup sec. Mes genoux flanchèrent, mon cri se fit lointain. Mon visage toujours en coupe dans sa main, il me maintint par la seule force de ses doigts alors que mon corps ne souhaitait que tomber.

- Je dirais à ta famille que tu as été tué par Satoshi, ne t'inquiète pas.

Je dois le tuer.

-Je prendrai soin de ta famille, Hina, dit-il en souriant. Je ne suis pas une mauvaise personne.

Mes larmes roulent sur mes joues, puis sur ses mains qui tiennent mon visage. Je vais donc mourir comme ça, seule, dans un entrepôt. Je n'ai pas vu ma famille depuis presque un an. Je ne reverrai plus non plus Satoshi.

- Je tuerais ton frère, Tu te doutes que je suis obligé. Il en sait beaucoup trop.

Il me relâche violemment à terre. J'amortis la chute comme je peux, je saigne énormément, je suis à rien de tourner de l'œil. Mais je ne peux pas le laisser s'en sortir. Pas après ce qu'il a fait à mon père, pas après ce qu'il m'a fait et certainement pas après les menaces contre mon frère.

-Où est-elle ?

- Je l'ai sur moi, soufflai-je.

Je puise le peu de force qu'il me reste pour me mettre à genoux. Chaque mouvement est un supplice, mais je ne lui donne pas la satisfaction de m'entendre souffrir. Shogo s'approche lentement, puis s'accroupit. Il me détaille de haut en bas, puis commence à fouiller mes poches, mais ne trouve rien.
Ses yeux se posent sur ma poitrine et les prennent en coupe, les malaxant une dernière fois. Je me contracte, écœuré par ses attouchements, Par ses pupilles qui se dilatent. Je ravale la bile qui caresse mes lèvres.
Ne flanche pas .

-On s'amusait bien tous les deux. Dommage que je doive te tuer.

Il humidifie ses lèvres avant de passer sa main à travers mon pull pour trouver ma poitrine.
Je profite de ce moment d'inattention pour chercher ma dague dans ma botte. Le métal froid touche le bout de mes doigts.

- Si je dois mourir, je ne mourrai pas seule.

Le temps qu'il comprenne ce qui lui arrivait, la dague était plantée au travers de sa gorge. Il me repousse, arrachant au passage la dague. Mon cœur palpite et me donne la force nécessaire pour retourner près de lui et lui asséner un autre coup mais dans le cœur.
Il me repousse du pied, pile sur ma blessure. La douleur est aveuglante, mon souffle coupé.
Allongé à sa droite, je l'entends suffoquer, chercher son souffle, se battre contre la vie qui s'échappe de son corps. Dans ses derniers souffles, il rampe jusqu'à moi, jusqu'à me surplomber. Shōgo enroule ses mains griffues autour de ma gorge puis serre comme il le peut.

Ma respiration se bloque, je lutte comme je peux en prenant la dague coincée dans son abdomen et je crie. Je hurle ma rage, ma peine et ma douleur. Je le plante, encore et encore, je pleure pendant que je déchire sa chair.
Du sang jaillit de sa bouche pour s'échouer sur mon visage. Il écarquille les yeux puis s'effondre de tout son poids sur moi.

Hina : Vie De YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant