Hina : Vie De Yakuza

Chapitre 24

J'ouvre difficilement les paupières et la lumière qui filtre à travers les volets ne m'aide vraiment pas. Je plisse les yeux, le temps de m'acclimater, mais mon mal de crâne ne m'aide en rien. J'ai du mal à rester éveillé, comme si j'étais droguée, ma tête bascule, j'ai du mal à la maintenir. Est-elle si lourde d'habitude ?

Je regarde autour de moi, je suis dans une maison. Une cave ? Non, un sous-sol.
La pièce tourne et j’essaie de me tenir la tête, mais mes mains sont attachées au dossier de la chaise où je suis assise, et mes pieds également.
Et là, ma conversation téléphonique et l’arrivée de Satoshi me reviennent. Il est venu me chercher à l’hôtel. Il va me tuer et prendre son temps. Il veut me faire souffrir comme il a souffert et je le mérite. Je suis prête à subir ce supplice si ça lui permet d'apaiser sa colère.

Les heures passent et personne ne vient. Je somnole, fatiguée, faible. Je n’ai rien mangé depuis un moment et ma plaie m’a fait perdre pas mal de sang.
J'essaie de m'évader pour ne pas devenir folle mais j'ai du mal à garder les idées en place.
Je sursaute quand la porte s'ouvre. Des Yakuzas entrent. Ils étaient presque tous là, tous ces hommes que j’ai côtoyés de près ou de loin durant presque une année entière. Ceux que j’avais appris à connaître et qui ont trouvé une place dans mon cœur sont là et me regardent avec rage, certains avec déception. Il y avait Yoshio, Jun, Hiroshi et puis Satoshi. Je ne peux détourner mon regard, je ne peux empêcher mon cœur de battre quand il est là.

Une main dans une poche, il se pinçait l’arête du nez en souriant légèrement. Il faisait les cent pas devant ses hommes, devant moi. Son air décontracté me donna la chair de poule.

- Sakura, de son vrai nom Hina, s’est infiltrée dans notre clan pour me tuer, dit-il d'un air condescendant a ses hommes. Mais ça, vous le savez déjà.

- Ce que vous ne savez pas, c’est qu’elle fait également partie du clan de Shogo.

- Je voulais seulement venger ma famille, dis-je.

Ma tête pivote sur la droite. Je venais de me prendre une gifle de l'un des soldats. Le goût métallique inonde ma bouche, il n'y est pas allé de main morte. Satoshi s'approche doucement de lui et lui assène un crochet dans l'estomac, le faisant tomber à genoux. Nos regards se croisent et je ne peux m'empêcher de sourire, rouge de sang, avant de cracher à ses pieds.

- Personne ne t'a autorisé à la toucher, dit-il en ramassant son homme. Il époussette les poussières inexistantes de son épaule avant de se retourner vers moi.

- Mes hommes réclament justice, Sakura.

- Quoi que je dise, ma parole ne vaudra rien, mais je ne regrette pas ce qu’il s’est passé, dis-je en regardant Satoshi. J’ai voulu venger mon père et je l’ai fait. J’ai tué Shogo et je l’assume. Je vous ai trahis et je l’assume également.

Une larme traîtresse a réussi à s’échapper, mais pas deux. Je ne leur montrerais pas à quel point je suis touchée, à quel point ça me fait mal d’être dans cette situation. Je les portais tous dans mon cœur, peu importe leur grade ou leur âge. Bien qu’ils ne fassent pas partie de mon clan, j’ai appris à les connaître et à les aimer.

- Vous auriez fait la même chose, tous autant que vous êtes, ai-je dit en les regardant un à un.

Je ne supportais plus le poids de ces regards assassins sur moi, il fallait que je leur dise le fond de ma pensée et je l'ai fait. J'avais attiré la colère de certains et Hiroshi, son bras droit, me donnait un sentiment de peine. Peut-être me comprenait-il, je ne sais pas.

- Attachez-la, dit-il en sortant une cigarette.

Je ne comprenais pas trop car j'étais déjà attaché. Mais deux hommes se sont approchés, la satisfaction aux lèvres. Je les regarde à tour de rôle, attendant de voir ce qu’ils allaient faire.