Chapitre 33

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Le soir venu, nous organisons une petite fête autour d'un feu. Les loups ont été chasser tout un tas de gibiers pour l'occasion. Mon chat et moi sommes ravis lorsque nous nous apercevons que les loups ne sont pas de trop mauvais cuisiniers - au contraire ! Nous nous régalons en observant quelques loups danser autour du feu.

Mais malgré toute cette bonne humeur, il reste une ombre au tableau.

Andréas.

Le loup n'a pas pris la peine de se joindre aux festivités. Il est passé près de nous il n'y a pas très longtemps. Il m'a lancé un regard peiné avant de rentrer à la maison. Ca me blesse un peu de le voir ainsi. C'est plus fort que moi, il faut que je culpabilise.

-Tu devrais aller le voir.

Je me tourne vers Nyce qui vient de s'assoir près de moi.

-De quoi tu parles ?

-Andréas. Pourquoi est-ce qu'il ne vient pas se joindre à nous ?

J'hausse les épaules.

-Nous sommes fâchés. je lui confie.

-Oh.

Je repousse mon assiette vide loin de moi.

-Je commence à croire que tu as raison. Nous ne sommes pas âme-sœur finalement. Je crois qu'il m'a menti pour me manipuler.

-Je suis désolée d'apprendre ça. Je croyais pourtant que c'était le grand amour entre vous.

Je le croyais aussi.

-Et qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? me demande t-elle.

-Comment ça ?

-Eh bien, votre union est prévue pour demain. Tu vas t'unir à lui malgré ça ?

Je réfléchis. Une fois que l'union sera faite, il n'y aura plus de retour en arrière possible. Je serais enchainée à Andréas et ce pour toujours.

-Je ne sais pas. D'un côté, j'ai envie de croire à tout ce qu'il m'a dit. J'ai envie de croire que cette histoire peut fonctionner. Mais je dois être trop naïve. Une part plus rationnelle de moi me dit de rentrer à Saorsa, là où est ma place.

Après tout, j'étais heureuse là-bas. Et mes camarades me manquent. Ils sont ma famille, mes plus proches amis. Je n'avais pas à me méfier d'aucun d'eux. La vie y était beaucoup plus facile.

-Qu'est-ce que tu ferais, toi ? je demande à la louve.

Elle a été ma toute première alliée dans cette meute. Sans elle, sans doute que je serai partie depuis bien longtemps.

-Oh, tu sais, ce ne sont pas mes histoires. dit-elle, gênée. Mais à mon avis, les choses ne risquent pas d'aller en s'arrangeant. Andréas n'est pas ton âme-sœur et ça on ne peut rien y faire. Et s'il t'a effectivement menti là-dessus, je n'ose pas imaginer toutes les autres choses qu'il a pu inventer, ou qu'il inventera encore.

Je repense à tous les bons moments passés avec Andréas. Tous ces mots doux, ces compliments.

Est-ce que tout ça était réel ?

-Eh bah, vous en faites des têtes d'enterrements.

Je relève la tête vers Chris qui se joint à nous. Lorsqu'il arrive, Nyce s'excuse et s'éloigne, nous laissant seuls tous les deux.

-Alors, comment va la perdante ?

Je rie. Je crois que jusqu'ici, je ne m'étais jamais réjouie d'avoir perdu à quelque chose.

-J'ai le ventre plein alors ça devrait aller.

Nous regardons les loups s'amuser près du feu.

-C'est la première fois que je les vois aussi joyeux. dit Chris en désignant les métamorphes. Lorsque Lorenzo était au pouvoir, nous ne pouvions jamais nous amuser. Sa notion de l'amusement était un poil différente de la notre.

-Oui, c'est ce que j'ai cru comprendre.

-J'ai cru comprendre que vous étiez fâchés Andréas et toi.

Décidément, tout le monde est au courant de tout ici.

-Je suis d'accord que c'est injuste d'être délaissée par son compagnon au profit de son boulot. Mais regarde ce qu'il a réussi à faire en quelques jours. Avant nous étions une meute de loups soumis, obligés de faire régner la terreur pour le bon plaisir de notre Alpha. Aujourd'hui, nous sommes libres de penser comme nous le souhaitons. En un sens, Andréas nous a rendu notre liberté.

Liberté.

C'est ce que Saorsa signifie. Cette meute procure la liberté à tous les métamorphes qui ne souhaitent pas se soumettre à une hiérarchie. J'ai toujours pensé que ce système de rang était comme une cage. Les métamorphes sont rangés dans des cases en fonction de leur dominance. Mais quand j'observe cette meute de loups, si joyeuse après toute la misère qu'ils ont vécu, je me dis que ce n'est pas de devoir obéir ou non à une puissance supérieure qui fait de nous des êtres libres.

C'est la façon dont l'Alpha gère sa meute.

-Tu sais, ce n'est pas moi qui ai remplacé ton eau par du lait hier. Je te le jure.

-Je te crois.

Ce qui soulève un autre problème : si ce n'est pas lui qui l'a fait, alors qui ?

La soirée se poursuit jusque tard dans la nuit. Puis vient le moment de rentrer chez soi et de s'endormir. Lorsque je trouve le courage de rentrer chez moi, Andréas n'y est pas. La chambre est vide. Mais en m'approchant, je vois qu'un grand paquet trône sur le lit.

Qu'est-ce que c'est que cette farce encore ?

En déballant le carton, je m'aperçois qu'il contient une robe noire. Elle est vraiment somptueuse. Le haut possède un petit décolleté mignon, et la jupe est saupoudrée de petites paillettes d'or.

Un petit mot est placé dessus. Je le prends doucement et le lis.

On dit que les chats noirs portent malheur. S'ils savaient à quel point ils ont tort.

Andréas

Je fais la comparaison entre ma robe et mon chat, noir comme mon pelage et doré comme mes yeux. C'est sans doute une manière pour Andréas de s'excuser. Une petite attention toute mignonne afin d'adoucir mon cœur aigri.

Est-ce que ça marche ?

Peut-être bien oui.

En y réfléchissant bien, je me dis que c'est sûrement pour la cérémonie de demain. C'est un jour spécial, je ne peux pas me permettre d'y aller en jean à trous et baskets bouseuses. Je range la robe dans le carton et la range dans un coin.

Demain surviendra la célébration de notre union. Avec un peu de chance, tout se passera bien.

Mais je n'ai jamais de chance.


Hostile Désir [ Réecrit ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant