𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 9

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𝑺𝒐𝒖𝒗𝒆𝒏𝒊𝒓

𝑷𝒅𝒗 𝒉𝒚𝒖𝒏𝒋𝒊𝒏

La lumière vient effleurer ma peau pâle, et mes paupières s'ouvrent. Hier était une journée riche en émotions, qui était loin de me laisser indifférent. Sa voix, son visage, tout de lui reste encré dans ma tête. J'ai vu dans ses yeux, sa détresse, et cela ne cesse de me hanter malgré moi. Toutes mes paroles dites auparavant, ont été effacées par cette rencontre qui m'apportera sûrement du bien, mais malheureusement, impossible. Cette rencontre est un coup de pouce du destin pour se mettre en travers de leur route, pour franchir tous les obstacles. Malgré tout, il a ce regard, ce regard qui devrait m'apporter de la rancœur et du dégoût. Alors pourquoi ? Pourquoi je l'admire, lui qui reflète l'innocence et la bienveillance camouflée par son statut, qui montre, un homme posé, le cœur meurtri.

J'ouvre mes paupières, et la lumière du soleil m'aveugla. Je m'assis au bord de mon lit, passe ma main dans ma longue chevelure, et lâche un soupir. Je me lève, et je m'arrête. Je regarde le miroir, même craquelé de partout, j'arrive à m'apercevoir, je n'ai plus la même allure qu'hier, comme si en une journée, un homme, une nuit, un Efkaira, aurait pu me changer en seulement quelques heures. À la fenêtre, un paysage qui peut paraître vide sans réel sens, mais qui en fait est d'une beauté incroyable. Je soupire, je ne devrais pas. Je ne dois pas lui parler, pour mon peuple, pour mon père, et surtout pour moi. Je ne suis pas censé le connaître, il devrait être un inconnu pour moi. J'aurai beau essayer d'oublier son visage, mais comment le pourrais-je ? Il reflète tellement la peine au fond de mon cœur. Aujourd'hui, je me suis embarqué dans quelque chose de dangereux, de risqué. Félix m'a hypnotisé, m'a chamboulé. Cette fleur est posée sur mon chevet, reflétée par les rayons du soleil, c'est une magnifique fleur blanche tachetée de rouge, comme si elle représentait l'harmonie entre le bien et le mal. Je la prends du bout des doigts, et l'admire en la faisant tourner dans ma main.

Félix est dangereusement envoûtant, et c'est cela qui m'effraie le plus, car il est une arme puissante, pour tout le monde. L'humain le plus impitoyable du monde s'agenouillerait devant lui. Il pourrait même lire en toi comme dans un livre ouvert pour mieux t'abattre. Un dangereux adversaire qui, je suis sûr, a sa place, en tant que prochain roi.

Le regard dans le vide, je réfléchis profondément à ce mystérieux Félix, quand une douleur atroce se répand dans mon cœur. Je m'accroupis sur le sol, en serrant fermement ma poitrine avec mes mains. Mes yeux me piquent, mon souffle est saccadé, et mon corps petit à petit devient manipulé. Je n'ai plus aucun contrôle de moi même, mes émotions, mes pensées commencent à devenir lointaines, jusqu'à sombrer profondément.

~~

Son rire angélique me réchauffe le cœur. Je m'approche de lui, et l'attrape par les hanches, nous nous sourîmes mutuellement, avant d'unir mes lèvres sur les siennes, au milieu de ce long champ. De sa main libre, il glissa doucement ses doigts dans mes cheveux ébènes, et les caressa en jouant avec mes mèches. Il arrêta notre baiser en retirant ses chaires délicatement des miennes, et me regarda de ses beaux yeux bleus. Il fait chavirer mon cœur, je pourrai mourir pour lui. Sa présence m'est indispensable.

« Je t'aime tellement, mon Ange » dis-je d'un sourire niais.

Il leva sa tête de mon torse et me regarda avec un sourire heureux.

« Tu ne sais pas à quel point je t'aime, Timoria. »

Notre amour est d'une telle puissance, pourtant, nous sommes deux êtres opposés, et nous sommes contraints de nous cacher à cause de l'animosité de la hiérarchie. Nos deux peuples se haïssent, mais nous, nous nous aimons passionnément. En plein milieu de ce champ, nos lèvres se réunissent pour ne former qu'une. Ce baiser est tellement passionné que l'on pourrait presque oublier nos responsabilités et nos cœurs blessés. Mais qui, auprès de son être cher, penser à toutes ces futilités qu'est la vie, est secondaire. Ce qui compte, c'est notre amour, et rien d'autre. Nos cœurs battent à l'unisson, nos baisers sont de plus en plus intenses et mouillés, comme si à chaque fois que nous nous séparons, c'était le dernier.

L'illusion est la face cachée de la réalité. Si je savais que ce jour allait être la fin de moi, la fin de nous, mais aussi la fin de lui. Dans ce champ, quelqu'un nous a surpris, malgré nos efforts pour nous cacher, notre havre de paix a été détruit. Je caresse le dessus de sa main de mon pouce une dernière fois. Nos regards se croisèrent, se promirent de s'aimer même après la mort. Notre sentence viendra. Je regarde à travers les barreaux. Le soleil arrive toujours à éclairer tout le monde, comme il nous a éclairés. Nous croyions à notre amour et j'y crois toujours. J'entends la porte s'ouvrir. Aujourd'hui, c'est la dernière fois que je le vois, la dernière fois que je vois ce soleil qui m'a vendu du rêve, et un renouveau vers une vie meilleure. Je monte les marches, une corde est nouée sur mon cou. Je le vois, il pleure. Ne pleure pas, mon Ange. Je lui souris l'air rassurant. Malgré ça, il essaya de se débattre en criant. Une larme perle sur ma joue.

« Non ! Ne lui faites pas ça ! Je vous en supplie ! » dit-il en suppliant les gardes.

Il se mit à genoux en poussant des cris de douleur, et en pleurant à chaudes larmes. Il releva sa tête vers moi, et je le regardai dans les yeux. Il me reste quelques secondes. J'ai une fleur dans les mains, blanche tachetée de mon sang, qui coule le long de mon bras. Mon regard s'adoucît et prononce ces derniers mots :
« Efkaira, écoute moi, nous nous retrouverons dans une prochaine vie, notre amour est éternel, quoi qu'il en advienne. L'espoir, c'est nous, et main dans la main, nous allons réussir à vivre de notre amour. Je t'aime mon Ange. »

Ces dernières paroles, ont été la fin de l'histoire d'amour entre deux opposés qui se sont aimés, et ont bien respecté leur promesse, ils se sont aimés à en mourir. Sur cette place, deux corps se sont retrouvés, ceux de deux êtres, qui se sont promis de s'aimer éternellement jusqu'à la mort, pour le bien comme pour le mal.




"Je t'aime dans le temps. Je t'aimerai jusqu'au bout du temps. Et quand le temps sera écoulé, alors, je t'aurai aimée. Et rien de cet amour, comme rien de ce qui a été, ne pourra jamais être effacé."

𝑱𝒆𝒂𝒏 𝒅'𝑶𝒎𝒆𝒔𝒔𝒐𝒏

L'amour de guerre / 𝓗𝔂𝓾𝓷𝓵𝓲𝔁 / Où les histoires vivent. Découvrez maintenant