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J'étais là.

Depuis combien de temps? Je ne sais plus.

J'étais là.

Mais mon esprit est quelque part, quelque part où on ne me touche pas.

J'étais là.

Mais je voulais que ça s'arrête.

- Salope numéro 58 vient ici tout de suite !

C'était moi. La salope, le numéro.

Ici je n'étais qu'un numéro. Un numéro qui restera gravé en moi vu qu'ils nous l'avait tatoué sur la nuque.
Et je détestais ce putain de numéro.

Je me lève les pieds nus sur le sol de la cave glacée. On était entassées ici, comme des vulgaires merdes.

Une fois face à mon bourreau, il m'attrape le bras et me traîne dans une petite salle de bain miteuse.
Je savais ce qu'il allait se passer comme a chaque fois.

- Dépêche toi, il t'attend en haut.

Je retire le peu d'habits que j'ai sur moi et il reste près de moi pour me surveiller.
Je tourne le vieux robinet pour que l'eau froide coule sur mon corps.

J'avais pris l'habitude de me laver à l'eau froide. Il n'y avait pas assez d'eau chaude pour tout le monde, c'était réservé aux connards qui nous exploitaient.

Une fois mon corps décrassé de l'extérieur, je me préparais à me faire salir de l'intérieur.

J'avais un simple tee-shirt et une culotte. Mes cheveux attachés pour avoir toujours mon numéro visible, je me faisait traîné vers une des chambres de cet enfer.

C'est le moment pour moi de dissocier.
Mon corps avance seul, une fois enfermée avec ce vieux pervers mon esprit était loin.
J'avais besoin de ça pour survivre.

J'avais besoin de ne pas m'occuper de ce qu'il allait me faire.

Il me met nue, encore.
Il me touche la poitrine, encore.
Il me touche le sexe, encore.
Il me force à le mettre dans ma bouche, encore.
Il me pénètre violemment, encore.

Mon corps bouge au rythme de ses coups de reins répugnants.

- J'ai l'impression de baiser un cadavre, bouge un peu petite salope !

Je n'y arrive pas.

Il me gifle. Sans réaction, il me pince les hanches. Si fort que j'ai l'impression que ses doigts vont rentrer dans ma chair.

- Putain Léon ta salope est une grosse merde, hors de question que je te paye !

Il se rhabiller et me laisse seule dans la chambre.
Je les entends crier dans le couloir.

Ça sent mauvais pour moi.

Peu a peu je reprends possession de mon corps qui me fait mal, qui me brûle.
Je me rend compte que je saigne a la lèvre.

Léon ouvre la porte en colère.

- Putain numéro 58 ça fait plusieurs fois que tu me fais le coup de faire fuir des clients. Tu commences vraiment à être trop vieille. Je vais m'occuper de libérer une place parce que tu me sers pu a rien.

Je ne réponds pas. Il veut se débarrasser de moi...

Ça veut dire qu'il va me tuer? Me vendre? Ou les deux?

Est ce que finalement je n'attendais pas que ça depuis tant de temps ? Tue moi s'il te plaît.

Il me traîne dans la cave, avec les autres. Je n'avais aucunes amies dans les filles. Je ne voulais pas. Car ici on finit par mourir, partir.

Moi, 58Où les histoires vivent. Découvrez maintenant