Mémoire perdue

Chapitre XVII

Lorsque Carol revient à elle, trois choses lui viennent immédiatement à l'esprit : le monstrueux mal de tête qui menace de lui déchirer le crâne en deux, l'horrible odeur de mort qui l'entoure et le métal froid des menottes qu'elle a aux poignets. Elle se force à ne pas paniquer, comme Natasha lui a appris ces derniers mois au cas où une situation comme celle-ci se produirait. Le nom de la rousse lui fait monter les larmes aux yeux mais elle les repousse et garde les yeux fermés.

Prenant une respiration tremblante, elle essaie de se rappeler ce que Natasha lui a dit.

Tout d'abord, dirait l'espionne, il est important d'évaluer tes blessures. Prends le temps de te concentrer sur chaque partie de ton corps, vois si tu peux sentir un os cassé ou un muscle tordu, et essaye de déterminer si tu peux courir ou non. C'est crucial.

C'est ce que fait Carol. Elle commence par ses jambes. Elles sont douloureuses parce qu'elles n'ont pas été utilisées pendant un certain temps, et sa cheville gauche lui fait mal, mais elle peut la bouger et même si courir sera probablement un enfer, elle peut le faire. Ensuite, c'est le haut du corps, et les choses sont un peu plus difficiles. Elle est sûre qu'au moins deux de ses côtes sont abîmées, voire cassées, mais elle ne crache pas de sang, c'est bon signe. Si elles sont cassées, ses poumons n'ont pas encore été perforés.

Il y a plusieurs types de maux de tête, résonne la voix de Natasha dans sa tête, une douleur faible et diffuse doit être différenciée de la douleur lancinante. Le martèlement signifie que tu as probablement été assommée.

Cela explique le mal de tête. Carol essaie de se rappeler ce qui s'est passé mais ses souvenirs sont flous. Elle se rappelle seulement avoir appelé son âme soeur.

Ne plonge pas dans cette direction, dekta, elle peut entendre Nat dire, maintenant, tu dois te concentrer sur ton environnement. Ouvre tes yeux pour moi, ma chérie et récolte autant d'informations que tu le peux.

La blonde ouvre lentement les yeux et manque de pleurer de désespoir devant ce qu'elle voit. Elle se retrouve dans l'exacte même pièce que celle où elle a été expérimentée ces dix dernières années, attachée au même lit que celui sur lequel elle a été torturée. Cela ne laisse aucun doute sur l'identité de ses ravisseurs : Hydra les a trouvées. Carol choisit de se concentrer sur les traits de Natasha pour les imprimer dans son esprit. Elle ne veut pas oublier, elle ne peut pas l'oublier à nouveau.

Elle est seule, mais pour combien de temps ? Sans fenêtre, elle ne peut même pas dire s'il fait nuit ou jour, s'il neige ou s'il pleut. Elle se sent frustrée par le manque d'informations qu'elle peut obtenir. Pour couronner le tout, elle ressent une douleur croissante dans sa poitrine. Pas besoin d'un médecin pour expliquer celle-ci : c'est la distance, le manque de son âme sœur qu'elle ressent. Cela ne fera qu'empirer jusqu'à ce qu'elle soit réunie avec la rousse. Elles ne se sont liés qu'il y a quelques mois, un temps bien trop court pour que des âmes sœurs soient séparées. Les rares études sur les âmes sœurs indiquent qu'un an est le minimum pour que le lien s'installe et même après, les âmes sœurs doivent se séparer progressivement.

Cela lui semble une éternité avant qu'elle n'entende du bruit derrière la porte. Au bruit des pas, elle peut dire qu'il y a plus d'une personne.

« Ah... Nous nous retrouvons enfin... »

Carol sent son sang se figer dans ses veines. Elle tourne lentement la tête pour rencontrer les yeux de la personne qu'elle aurait souhaité ne jamais revoir.

« Strucker... » murmure-t-elle, sa respiration s'accélérant.

« Le seul, ma chère, » il sourit de toutes ses dents, « quel plaisir ! »