Chapter VII

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« Toi. »

C'est sorti avec une voix râpeuse. Très loin de ce dont je me souviens. Très loin de la façon dont elle résonne dans ma tête. Mais encore une fois, 10 ans d'inactivité ont dû endommager mes cordes vocales. Je ne sais même pas pourquoi c'est sorti. Je ne sais même pas comment c'est sorti. Je n'ai pas réfléchi, c'est tout simplement arrivé. Il y a quelque chose en elle, quelque chose dans sa présence qui me rend folle. Je ne peux pas ignorer la façon dont mon corps se réchauffe à chaque fois que nous sommes ensemble, ce qui arrive souvent. Je ne peux pas ignorer la façon dont ma poitrine me fait mal quand elle n'est pas là.

« Que... Qu'est-ce que tu viens de dire ? »

Je la fixe alors que sa voix se fait entendre dans un simple murmure. Je ne peux pas répondre, pas maintenant, pas quand je suis moi-même si confuse. Alors je reste silencieuse. J'aimerais pouvoir dire quelque chose, dire que je sais pourquoi j'ai dit cela, mais je ne le fais pas. Je vois la frustration grandir dans ses yeux émeraudes et soudain elle me prend les bras, les serrant fort.

« Allez, Carol ! Tu ne peux pas dire ça et me laisser encore dans le silence ! Pourquoi as-tu dit ça ? Comment j'aurai pu t'apprendre ça ?? On ne se connaît pas ! S'il te plaît Carol, DIS QUELQUE CHOSE ! »

Son brusque changement de comportement m'effraie et je pousse un cri étouffé, en essayant de m'éloigner d'elle. En réalisant ce qu'elle vient de faire, son regard passe de la frustration et de la colère à l'inquiétude et au regret. Elle me lâche les bras et s'éloigne en levant les mains pour montrer qu'aucun danger n'est à craindre. Je me recroqueville sur moi-même, en frottant mes bras là où ses mains se trouvaient une seconde auparavant.

«  Non... Je suis vraiment désolée Carol, je ne voulais pas... "

Elle s'étrangle, comme si ses émotions étaient soudainement trop fortes, et se tait. Elle ferme ses (magnifiques) yeux pendant quelques secondes, probablement pour retrouver son calme. Mes yeux trouvent leur chemin vers le sol, attendant qu'elle se reprenne.

« Sais-tu à quel point c'est difficile ? »

Cette simple question me fait lever les yeux en une seconde.

« Sais-tu combien il est difficile de te voir tous les jours ? » demande-t-elle à nouveau, « de te voir et de ne pas pouvoir t'aider. De te voir là, blessée, et de ne pas savoir quoi faire pour te soigner ? Pour t'aider. Mon Dieu, tu ne peux même pas imaginer à quel point ton silence est difficile. Je ne te blâme pas, je ne ferais jamais ça, mais... Ça fait mal. Ça me fait mal que tu sois blessée, ça me fait mal quand je te vois effrayée, ça me fait mal quand tu fais un cauchemar, ça me fait mal quand je n'ai aucune idée de ce qui se passe dans ton esprit. Ça fait mal et tout ce que je peux faire, c'est te regarder, te nourrir et te calmer après les cauchemars. Et te voir là, ne pas parler, me dire comment je peux t'aider... Ça me tue. Parce que j'ai à l'intérieur de moi un tas de sentiments que je n'avais pas avant TOI et je ne sais toujours pas quoi en faire. »

Elle se retourne, me montrant son dos alors que ses mots s'impriment lentement dans ma tête.

« Cela n'a aucun sens » continue-t-elle en chuchotant « mais je ne supporte pas de voir des gens près de toi. Mon Dieu, la nuit où tu as eu cet arrêt cardiaque il y a quelques mois, j'ai cru que j'allais perdre la raison. Tu ne peux pas imaginer combien il a été difficile pour Steve de me contenir. Je... je te comprends, Carol. Quoi que tu ressentes, je le ressens aussi. Et ça n'a aucun sens. Je sais quand tu es proche ou non parce que ma poitrine me fait tellement mal quand je ne suis pas à proximité » elle passe sa main dans ses cheveux doux « Je n'ai toujours aucune idée de ce qui se passe, je sais juste que... »

Mémoire perdue Où les histoires vivent. Découvrez maintenant