Chapitre XIX

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Avec un gémissement, Natasha ouvre les yeux, clignant rapidement des paupières pour s'adapter à la lumière vive. Elle a la tête qui tourne. Il lui faut quelques secondes pour réaliser qu'elle n'est pas dans son lit. Elle cherche immédiatement Carol, mais son mal de crâne l'empêche d'ouvrir les yeux. Quelque chose de froid entoure son poignet et la rouquine sait sans aucun doute qu'il s'agit de menottes. Paniquée, elle tente de se redresser et se rend compte que son torse et ses jambes sont également attachés à la table sur laquelle elle est allongée.

« Enfin réveillée ? » Une voix grave interrompt sa lutte. Elle lève les yeux et est accueillie par le visage d'un homme avec un monocle qu'elle reconnaît instantanément.

« Strucker... » Elle serre la mâchoire.

« En chair et en os. Je dois admettre que je suis impressionné. Vous nous avez donné bien plus de fil à retordre que prévu, ma chère. Nous pensions que ce serait beaucoup plus facile. Les déclencheurs implantés dans votre bien-aimé fonctionnaient mal. J'ai dû tuer deux scientifiques pour cela, » dit-il avec désinvolture.

Natasha se pose beaucoup de questions. Comment se fait-il qu'elle soit ici, alors qu'elle sait pertinemment qu'elle s'est endormie avec Carol dans l'aile médicale hier soir ? Qu'entend-il par 'nous' ? S'agit-il seulement de l'Hydra ou d'autres entités ? Où est-elle ? Où est Carol ? Quels sont les déclencheurs dont il parle ?

« Ne te fait pas trop mal à la tête, tu vas en avoir besoin, » reprend Strucker. Natasha ne peut que le fixer du regard jusqu'à ce qu'il reprenne la parole. « Comment s'est passé le beau rêve qu'on t'a fait faire ? Qu'est-ce que ça fait de croire qu'on l'a sauvée, qu'elle est en sécurité, et de se réveiller sans savoir ce qui s'est passé ? » Il sourit vicieusement.

« Détache-moi et tu le sauras, » répond-elle en serrant les dents.

Il rit. « Je dois dire que c'était vraiment agréable de voir ta chute. Tu n'as même pas réalisé que la pièce était remplie de gaz hallucinogène... Tu as quand même donné du fil à retordre à mes hommes, mais une toute petite dose de somnifère et tu étais à nouveau à nous. »

« Où est-elle ? » demande froidement Natasha, essayant de cacher sa peur grandissante.

« Oh là là, Natalia, je croyais qu'on t'avait appris à mieux faire... » une voix féminine se mêle à la conversation, suivie du bruit caractéristique de talons hauts. Natacha sent la chair de poule lui parcourir les bras et son ventre se serrer de peur.

« Madame B... » murmure-t-elle en voyant son ancienne supérieure.

« Je te l'ai dit Natalia, l'amour c'est pour les enfants. Regarde où cela te mène. C'est un handicap, » Madame lui saisit fermement la mâchoire, « c'est pathétique. Peut-être aurions-nous dû prendre ta précieuse moitié, elle aurait été meilleure. »

« Elle, » grogne Natasha, « est la meilleure chose qui me soit arrivée et la personne la plus belle et la plus gentille qui ait jamais vécu. Elle est tout et plus encore pour moi. Ne parlez pas, jamais, d'elle comme ça. Je vais vous arracher la gorge. »

Cela ne fait que faire glousser Madame et Strucker. « Eh bien... regardez où l'amour l'a mise. Pourra-t-elle en dire autant de toi ? »

Elle claque des doigts et deux gardes amènent Carol à l'intérieur, la traînant alors qu'elle reste inerte. Natasha doit ravaler un gémissement, surtout lorsqu'ils la jettent au sol et qu'elle reste là, immobile.

« Carol ! » hurle-t-elle, incapable de rester calme, « CAROL ! » elle se débat contre ses liens.

« Arrête tes bêtises, Natalia ! » Madame saisit Carol par les cheveux, « Tu es de marbre, elle n'est rien pour toi, et on va te le rappeler ! »

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