𝟷𝟶 | 𝚂𝙸𝚂𝚂𝙸

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"Dans cette mare de sang, je te vois. Je découvre tes fêlures et tes espoirs qui sont recouverts par tes remords et ton chagrin."





𝚂𝙸𝚂𝚂𝙸









Son cri de souffrance m'a extirpé de mon doux rêve.

Mes jambes fléchissent et je me rattrape au bord de mon matelas, à moitié affalée sur lui. Un filet de sang glisse entre mes orteils. J'agrippe mon voisin de chambre sous les aisselles et dérape lorsque j'essaie de nous maintenir debout. Snow, de sa truffe humide, le relève un peu afin que je n'aie pas à supporter tout son poids.

Et il pèse une tonne !

– S'il te...

Quelque chose cogite dans mon ventre alors qu'il ne parvient pas à terminer sa phrase. Sa demande est arrachée d'un grognement sourd qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Car la douleur qu'il renferme me fait frissonner d'effroi.  Je contiens le mien quand du verre s'enfonce dans ma chair.

– De l'eau... il me faut... me supplie-t-il, fiévreux.

Sa faiblesse est le déclic que ma conscience exigeait de recevoir pour intervenir. J'ignore mon propre mal et puise dans mes dernières forces. Malgré mon aide, il rejette mon contact comme s'il lui brûlait la peau.

Nous tombons tous les deux et je m'écrase contre son dos. Mon colocataire grogne tandis que je me rends compte que j'ai exercé mon poids contre la partie douloureuse de son corps.

Je me sens stupide.

Sombre idiote !

Je peste cette insulte dans ma tête. Ou bien l'ai-je réellement prononcée à voix haute ? Je ne suis plus sûre de rien. À vrai dire, mon pouls s'affole tant que je commence à ressentir mon cœur s'alourdir et m'entraîner dans une spirale infernale qui me ronge de l'intérieur.

Un filet de sueur coule à l'arrière de ma nuque en signe de prévention.

Pas maintenant !

Je ne peux pas flancher alors que cet homme est en train de perdre la boule. Je suis conscience qu'il lui manque quelques cases, mais par pitié, si je peux au moins en sauver une ou deux, ce ne serait pas de refus. Snow couine à mes côtés et me renifle pour s'assurer que je vais bien. Je prends une grande inspiration et me hisse à l'aide de mes coudes. Portés par nos dernières forces, je nous guide jusqu'à la salle de bain, les griffes de mon chien sur les talons.

À bout de souffle, je le force à entrer dans la baignoire. Par chance, il n'éprouve aucun mal à s'y glisser. Il retombe tel une pierre et relâche l'entièreté de son air lorsque l'arrière de sa tête s'adosse contre la porcelaine blanche. Sa main tâtonne l'espace puis saisit le pommeau de douche. L'eau glacée gicle sur son visage qui est en train de reprendre en couleurs.

Et moi, bête que je suis, je pensais qu'après toute cette pagaille, j'allais encore pouvoir tenir sur mes pieds. Retour brutal à la réalité, je suis bien trop faible pour résister aux battements effrénés de mon cœur.

– Oh merde ! juré-je.

Ma vue se floute et mon monde s'écroule quand mes jambes se plient en deux. Je me prépare à souffrir de la chute. Mais le choc ne vient pas. La raison ? Un puissant bras qui s'est enroulé autour de ma taille pour me sécuriser avec agilité.

– Mince, Elisabeth, s'inquiète une voix masculine.

Mon camarade de chambre m'entraîne dans la baignoire afin que je retombe sur lui. Coincée entre ses deux cuisses musclées, son souffle humide s'écrase contre ma nuque. Il me bloque de son bras autour de mon ventre. Les larmes au bord des yeux, je recule, horrifiée de lui faire mal.

FAVOR THE NIGHTMARE (SPIN OFF) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant