FAVOR THE NIGHTMARE (SPIN OFF)

𝟷𝟻 | 𝚂𝙸𝚂𝚂𝙸

"La solitude ne cesse de me ronger. Un jour, mes os périront et mon existence ne deviendra qu'un simple souvenir."

𝚂𝙸𝚂𝚂𝙸

– Tu t'es pris la raclée du siècle, ricane quelqu'un.

Un froissement de jeans fait écho. On dirait que ce type le retire pour enfiler quelque chose d'autre.

Les doigts de Jameson se cramponnent à ma taille avec plus de fermeté.

– La ferme ! siffle un autre homme. Encore un mot sur le match de ce soir et je peux te jurer que la prochaine gueule que je vais briser, c'est la tienne.

– Mais...

– Putain. T'as vraiment envie que je te casse le bras, crache à nouveau le colérique. Qui sait ? Les donateurs seront peut-être partant pour miser sur notre combat.

Donateurs ? Qu'est-ce donc ?

La respiration de Jameson devient plus lourde. Son bras se tend et mon pouls s'accélère un peu. Je ne sais pas si c'est dû à la présence de ces deux intrus ou si c'est la proximité du boxeur qui me rend nerveuse.

Une gifle fend l'air. Je sursaute lorsque le son ricoche contre les murs.

– N'aies pas peur, chuchote une voix que je reconnaîtrais entre mille. Ils ne nous feront rien. Je ne les laisserais pas te voir.

Sa paume presse mes lèvres. Furieuse par sa volonté de me priver de parole, je lui adresse un regard hostile. Il me répond d'un simple haussement d'épaules qui signifie "Tais-toi". Je résiste à l'envie de mordre les doigts qui me bâillonnent. Heureusement pour lui, je détourne mon attention quand l'un des deux hommes hausse le ton.

– Ce connard ne peut pas débarquer ici et se prétendre meilleur que nous tous ! Il faut le remettre à sa place.

– Et comment comptes-tu faire ? Il est inaccessible.

Un rire sombre résonne dans la pièce.

– Fais-moi confiance, se marre le mec comme si une idée sournoise émergeait derrière sa tête. Il ne va pas tarder à sombrer.

Soudain, le silence retombe. Je m'apprête à relâcher la pression et à m'éloigner de Jameson, mais son bras m'en empêche. La barrière de chair qui me barrait la parole tombe. Seules nos respirations saccadées percent l'air. La chaleur qui émane de sa peau me rend toute fiévreuse. Je n'arrive pas à détourner mon attention de cette sensation de réconfort qui m'envahit en le sentant proche de moi. Mes cils papillonnent à plusieurs reprises et ma bouche s'entrouvre de stupéfaction. Prête à poser des mots sur ce que je ressens, le boxeur me devance et m'écarte de lui.

Je pivote de son côté.

– Ces hommes, commencé-je, la voix tremblante.

Ses iris s'enflamment et je déglutis avant de reprendre :

– Ils ne vont pas vraiment te faire de mal, non ? Et puis, ces donateurs, qui sont-ils ?

Mon colocataire soupire et passe une main dans ses mèches humides.

– Mieux vaut que tu n'en saches rien.

Abasourdie, je secoue la tête. Un type le menace et il ne trouve rien d'autre à dire que je ne me mêle pas de ses affaires ?

– T'as été bercé trop près du mur ou quoi ? lancé-je finalement pour obtenir enfin une réaction de sa part.

Jameson écarquille les yeux, surpris par mon manque de tact. Il reprend son calme habituel et affiche un air dédaigneux.