𝟷𝟽 | 𝚂𝙸𝚂𝚂𝙸

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"Reste avec moi. Il fait si sombre quand tu n'es pas là."





𝚂𝙸𝚂𝚂𝙸



Les jambes engourdies et le cou en vrac, je me redresse. Ma nuque proteste et génère une tension aiguë. Je gémis lorsque je frotte mon muscle afin d'atténuer la douleur. La luminosité de la chambre d'hôpital me fait froncer les sourcils alors que j'essaie de retrouver mes esprits.

Combien de temps ai-je dormi ?

Le ciel, sombre et pluvieux, indique que j'ai dû sombrer dans le sommeil depuis un bon moment. Je caresse les draps frais sur lesquels je suis allongée. Les ronflements de M. Hug à mes côtés, confirment non seulement la médiocrité du film qu'il a choisi, mais aussi à quel point il est insupportable de rester avec un ronfleur invétéré !

Je grimace en repoussant le linge qui s'est emmêlé autour de mes pieds et tends la main vers la télécommande. Je coupe ainsi court aux éternelles cascades de l'acteur choisi pour le rôle.

Snow, joyeux de me voir éveillée, se dandine sur place, la queue frétillante.

Je m'accroupis et lui gratte l'arrière des oreilles.

Dans un soupir, j'observe l'extérieur, puis la petite horloge accrochée au mur.

Mes yeux s'arrondissent.

– Merde ! m'écrié-je, la tête tournée désormais vers mon chien. Tu n'aurais pas pu me donner un coup de museau ? On est en retard !

J'ai encore oublié mon rendez-vous médical avec Kitty !

Je sors de la chambre en trombe, Snow sur les talons. Les infirmières se bousculent et je déboule dans le secteur. Je leur offre un sourire contrit avant de me ruer dans ma chambre.

Pourtant, à mon arrivée, la pièce est vide.

Aucune trace de Kitty.

Un grognement de frustration m'échappe.

– Bien joué, Sissi, marmonné-je en secouant la tête.

Je fixe les deux lits vides. Sans surprise, celui de mon colocataire est parfaitement fait, tandis que le mien reste négligé. Ça fait des jours qu'on ne s'est pas parlé, des heures à être seule avec mes pensées. Après ce qui s'est passé l'autre soir, je m'imagine toutes sortes de scénarios, des plus plausibles aux plus absurdes.

Un type comme Jameson, qui casse des gueules dans des endroits que même un chauffeur de taxi refuse de fréquenter, partage ma chambre.

Et le pire, c'est que ça ne m'effraie pas.

Je joue avec les bracelets autour de mon poignet, les perles glissent sur ma peau et apaisent mon cœur qui s'emballe. Je m'approche de la fenêtre grande ouverte où une brise fraîche s'y faufile. Le ciel se dégage peu à peu et les rayons du soleil tombent sur l'océan encore bien agité. L'écume des vagues se répand sur le bord de la plage. Une sorte de plénitude m'envahit. En revanche, cette sensation ne dure pas, puisque des voix agitées me tirent de ma contemplation.

– Certes, votre état s'est amélioré. En revanche, nous ne pouvons pas vous garantir que votre corps se rétablira complètement durant les prochaines semaines. Il va falloir s'armer de patience, déclare quelqu'un.

Soudain, leur conversation s'achève. Ils m'ont enfin remarqué. Mon corps se fige. Vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon fluide, Jameson me dévisage sans aucune émotion. Son coquard violacé commence à disparaître. Je me demande quelle histoire il a inventé pour expliquer cette blessure. Mais il ne me dira rien. Tout ce que je perçois chez lui, c'est la façon dont il serre les poings pour canaliser sa haine envers moi. Les veines de ses bras se dessinent, un détail qui ne me laisse pas indifférente.

FAVOR THE NIGHTMARE (SPIN OFF) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant