FAVOR THE NIGHTMARE (SPIN OFF)

𝟷𝟼 | 𝚂𝙸𝚂𝚂𝙸

« Tu n'es pas un monstre. Car lorsque tu apparais dans mes rêves, j'ai l'impression d'atteindre le Paradis. »

𝚂𝙸𝚂𝚂𝙸

En admiration face à sa question, les lèvres scellées entre elles, je parviens tout de même à hocher la tête. Sa main effleure ma nuque afin de rassembler mes cheveux entre eux. Il les entortille autour de son poing. Un frisson me parcourt l'échine.

Cet homme m'a à peine touché, mais cela suffit à mon sang pour affluer dans mes joues.

Avec délicatesse, Jameson fait glisser sa chemise humide contre ma peau tiède. Le tissu frais retire la boue et éveille mes terminaisons nerveuses. Attentif, le boxeur suit ses mouvements répétitifs avec attention.

On dirait qu'il cherche à tout prix à s'appliquer.

Contrairement à d'habitude, le silence qui s'abat entre nous n'est pas gênant. Je dirais même qu'il m'apaise. Au-delà de ses murs de fer, l'excitation crépite encore dans l'air. Pourtant, nous avons beau nous trouver à quelques pas du ring, j'ai la sensation qu'une bulle nous entoure.

Est-ce un rêve ?

Pour vérifier, je me pince l'avant-bras.

Un muscle de sa mâchoire tique à ce geste.

– Que fais-tu ? demande-t-il dans un murmure, déviant son parcours vers mon autre épaule. Ton corps ne mérite pas qu'on s'en prenne à lui comme tu viens de le faire.

Mes paupières papillonnent. J'ai encore du mal à croire qu'il est en train de nettoyer ma peau parce que des gens se sont moqués de moi.

C'est adorable.

Tout à coup, notre dernière conversation me revient en mémoire. Je l'étudie avec minutie. Mes yeux glissent sur ses petites cicatrices dû aux combats, ses longs cils fournis et ses lèvres pleines.

Des lèvres qui sont à la fois la cause de tous mes pleurs et l'incarnation de mes désirs.

– Je me suis trompée, soufflé-je d'une voix bien trop timide à mon goût.

Jameson insiste sur un endroit en particulier. La boue ayant séchée, il semble agacé qu'elle ne se retire pas aussi vite qu'il le souhaite.

Sans croiser mon regard, il répond d'un ton neutre.

– Jusque-là, rien d'anormal. Tu te trompes souvent.

J'ignore sa pique et cherche à capter son attention. Mon cœur bat beaucoup trop vite à son contact. Et je n'ai pas envie de rentrer dans son petit jeu de qui aura le dernier mot.

Je me grandis et continue avec plus de douceur.

– Tu as peut-être un cœur.

Le boxeur arrête son va-et-vient. Ses muscles sont tendus et sa mâchoire serrée.  Avant même que je puisse déchiffrer ce qui se trame à l'intérieur de lui, il me fait pivoter sur mes pieds. Une main ferme sur ma hanche et le dos plaqué contre son torse, il murmure à mon oreille :

– Ne sois pas stupide, Elisabeth. Tu sais très bien que ce n'est pas vrai. Alors, ne dis pas des choses comme ça, s'il te plaît.

Ma peau s'embrase, son toucher enflamme mon âme. Et ma chair aurait pu en brûler si ces doigts n'avaient pas quitté ma taille. Ma respiration est irrégulière. Je suis incapable de me concentrer sur autre chose que son souffle chaud qui s'écrase contre ma nuque.

– Tu n'es pas un monstre.

Toute cette tendresse, le fait qu'il fasse attention à moi, prouvent qu'il n'est pas le méchant sans cœur qu'il pense être.