𝟸𝟷 | 𝙹𝙰𝙼𝙴𝚂𝙾𝙽

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« Je croyais que mon cœur ne battait plus. Mais lorsque je te regarde, quelque chose frappe à l'intérieur de ma poitrine. Et c'est grâce à toi. »



𝙹𝙰𝙼𝙴𝚂𝙾𝙽


La paranoïa m'enserre la gorge. Elle étouffe mes mots tandis que je supplie Elisabeth à bout de souffle.

– Surtout, ne fais aucun bruit.

Je me tais. Mon regard plonge dans le sien, son océan m'exalte d'une gamme d'émotions tourmentées qui ne demande qu'à s'exprimer. Son air apeuré me transperce, et une douleur sourde étreint ma poitrine.

Il ne faut pas faire de bruit.

Car mes cauchemars sont partout, à l'affût, prêts à me traîner jusqu'en enfer.

Je ne veux pas qu'ils nous voient, qu'elle me trouve.

Un courant d'air caresse ma peau et je voudrais qu'il emporte mes craintes.

Pitié, faites qu'ils disparaissent...

Je reste là, pris au piège dans ce tourbillon de chimères dont Elisabeth partage à présent le fardeau. Mes mains tremblent. Des frissons glacés parcourent mon échine.

J'ai peur que cette femme m'attrape et me plonge dans les abysses.

Je suis pris au piège, en transe, jusqu'à ce qu'une main chaude s'enroule autour de mon poignet. Immédiatement, je rejette le contact de la fille qui partage ma chambre.

Ma voix est dure et à peine reconnaissable.

– Non !

Son expression s'adoucit. Je resserre ma mâchoire, incapable de comprendre pourquoi elle choisit cet instant pour dévoiler de la compassion.

Je n'en mérite pas.

– Déteste-moi ! Fais comme tout le monde, Elisabeth. Déteste-moi !

Ne me regarde pas comme s'il y avait encore de l'espoir...

Je l'implore en silence, convaincu de ne pas mériter son indulgence. Je veux être fort, imperméable à la faiblesse, comme tout membre de la famille Black doit l'être.

Sans exception.

– Jameson....

Je repousse ses avances, le froid de la porcelaine colle à ma peau.

– Respire, chuchote-t-elle. Je suis là. Tu n'es pas seul.

Elle persiste à garder cette touche de douceur dans sa voix, cette gentillesse que je refuse d'accepter.

Toutefois, les souvenirs de mon adolescence remontent. Je perds patience et projette ma colère sur la seule personne à portée.

Un ange aux yeux de cristal.

– Arrête ça !

Mes paumes glissent sur la surface de la baignoire alors que j'évite tout contact avec son corps.

Je sens la chaleur de son épiderme, glaciale en apparence, mais brûlante en réalité. Je résiste à la tentation, même si chaque fibre de mon être me pousse à franchir cette barrière. Ses lèvres s'entrouvrent, je lui coupe la parole, mes sourcils froncés par la rage.

– Je t'en supplie... Arrête...

Elisabeth bat des cils, stupéfaite.

Je ne contrôle rien, je suis prisonnier de cette situation. Un aboiement résonne dans la salle de bain. Nous l'ignorons, engagés dans notre lutte silencieuse.

FAVOR THE NIGHTMARE (SPIN OFF) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant