𝟸𝟶 | 𝙹𝙰𝙼𝙴𝚂𝙾𝙽

13.6K 621 385
                                    




« Rêver d'un monde qui n'existe plus. Un univers massacré par les mains d'un autre. »





𝙹𝙰𝙼𝙴𝚂𝙾𝙽






15 ans

Taha-Hassine Ferhat a dit : « À force de rêver, je n'arrive plus à me réveiller ».

L'existence même du rêve semble devenue un mythe, une échappatoire fragile que les humains forment pour respirer dans cette société étouffante.

Nous rêvons, non pas par choix, mais par crainte.

Par peur de confronter la réalité implacable qui nous entoure.

Aujourd'hui, les songes me semblent vains, dérisoires.

Il fut un temps où moi aussi, je rêvais.

Chaque nuit. Chaque jour. À chaque instant.

Je rêvais d'un monde dans lequel ma vie ne serait pas contrôlée par une seule personne, où je ne serais pas une marionnette entre ses mains. Je rêvais d'être emporté dans l'au-delà, loin des commandements et de la domination de mon père.

J'étais un rêveur ambitieux, celui qui aspirait à une existence moins vaine, un avenir fructueux dans la boxe.

J'étais un innocent aveugle. Et la brutalité du réveil m'a anéanti.

Dès que mes paupières se sont rouvertes, un sombre nuage orageux a plané au-dessus de ma tête et j'ai su que je quittais le monde des songes pour sombrer à jamais dans celui des cauchemars.

Plus de lumière. Plus de chaleur.

Aucune lueur d'espoir, aucun avenir serein en perspective.

Rien que l'obscurité, la peur lancinante de l'échec, le sentiment d'être englouti par un monde où le simple fait de rêver devient une illusion. Et à l'instant où notre géniteur jugeait que je n'étais plus à la hauteur, que le temps passé en sa compagnie lui suffisait amplement, je faisais face aux cauchemars.

Mes cauchemars.

Il est aisé d'échouer quand on a deux frères qui vous font une compétition perpétuelle. Nous n'avons pas la possibilité de perdre lorsqu'on a un paternel prêt à tout pour nous convaincre que la manipulation et la confrontation sont les clés de la réussite.

Il nous a brisés.

Mon aîné exploite cet espoir d'un amour paternel pour se servir de chaque individu à sa guise. Et le benjamin de la fratrie passe des heures à observer le monde qui l'entoure, à traquer les faiblesses de chacun.

Mais toi, Jameson, qui es-tu vraiment ?

« Un raté ! »

Au plus profond de moi, je sais que les mots de Nathaniel Black ne sont que des balivernes. Toutefois, la douleur dans ma poitrine persiste, ronge et effrite petit à petit ma confiance. Mon père m'insulte, me dénigre à tout bout de champ. Être qualifié de raté est devenu la plus douce des injures qu'il puisse murmurer à mes oreilles.

Cet homme ne supporte pas la froideur qui imprègne mon âme, il rejette mon silence et ma réflexion posée.

Il préfère l'action, les trahisons, les coups bas.

Toutefois, il ne m'aime pas, moi.

Et me voilà, confiné dans cette pièce sombre. Privé de la lumière bienfaisante du soleil. Les murs m'oppressent, l'air est lourd.

Pas une once de chaleur ne réchauffe cet endroit. Même ma peau est glaciale.

Mon corps s'enfonce dans le matelas moelleux.

Je retiens mes larmes alors qu'un souffle chaud effleure ma nuque.

Hors de question de laisser transparaître ma peur.

Alors, je ferme les yeux et prie pour qu'un jour quelqu'un me réveille.

Que le soleil me ramène auprès de sa lumière.

Mes paupières tombent, me plongeant dans l'obscurité la plus totale. Je sens ses mains tièdes glisser le long de mes bras, le silence est brisé l'instant d'après par une voix suave.

Celle qui me donne envie de vomir tout ce que j'ai ingurgité durant la journée.

– Ne t'en fais pas, Jamie. Je vais prendre soin de toi. Comme ton papa l'a fait autrefois avec moi.

Mon corps se fige, l'air se fait rare.

J'étouffe.

Cette situation, ma vie, la pression constante d'être meilleur que mes frères. Je refuse d'ouvrir les yeux. Peut-être qu'au fond de moi, subsiste l'espoir de me réfugier dans un rêve en les gardant clos.

Je lutte pour rester en vie, pour le paraître.

Parce que je sais que pour les autres, c'est ce que je semble être.

Pourtant, à l'intérieur, je suis déjà bel et bien mort.

Rêve, Jameson. Agrippe-toi à ce lambeau d'espoir.

Ses doigts effleurent avec délicatesse quelques mèches de mes cheveux.

C'est trop tard.

Mes paupières s'ouvrent involontairement. Un goût acide remonte dans ma bouche.

– Tu m'as tellement manqué..., susurre-t-elle à mon oreille.

Son regard s'illumine d'une excitation malsaine. Un sourire étire ses lèvres charnues, et un nœud se forme dans mon ventre. Car je ne veux pas que Dam ne puisse entendre nos échanges.

Je refuse de lui dévoiler mes cauchemars.

Ils m'appartiennent, et je les garderai coûte que coûte.



Un petit moment dans le passé de Jameson... ça m'arrache le cœur :/

J'aime beaucoup trop ce personnage !

On se dit à dimanche pour le fameux chapitre

𝙸𝚗𝚜𝚝𝚊𝚐𝚛𝚊𝚖
𝚓𝚎𝚊𝚏𝚘𝚛𝚜𝚝𝚎𝚛_

𝙺𝙸𝚂𝚂 𝙹𝙴𝙰,

FAVOR THE NIGHTMARE (SPIN OFF) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant