𝟸𝟹 | 𝚂𝙸𝚂𝚂𝙸

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« Laisse-moi pénétrer ton monde. Autorise-moi à faire partie de ton histoire. »





𝚂𝙸𝚂𝚂𝙸






J'entends le claquement d'une porte, suivi du bruit de pas qui s'enfoncent dans les graviers alors que je suis encore affalée par terre. La fine pellicule de pluie brouille légèrement ma vue, et je plisse les paupières pour tenter de discerner ce qui se passe.

Une main se présente et m'invite à la saisir pour me relever. Stupéfaite, j'ouvre la bouche et distingue la silhouette de l'homme qui nous a raccompagné la dernière fois. Mal à l'aise, je gigote pour me mettre dans une position plus confortable. Ma voix manque de tact quand je prononce :

– Vous êtes le majordome ?

Vêtu d'un impeccable ensemble blanc qui semble éclairer la nuit, le type dresse un sourcil, stoïque malgré mon ton bourru.

– Je préfère le terme d'assistant personnel. Mais je suppose que je peux faire une exception pour vous, mademoiselle.

Je mets enfin un nom sur ce visage.

Ashraf.

Il est grand, impeccablement coiffé et ses longs cils qui ne papillonnent presque pas lui donnent des airs de robots. Son assistant personnel. Voilà qui est intéressant et également curieux. Perdue dans mes pensées, je réalise que sa main est toujours tendue dans ma direction. Interpellée par sa présence, je lâche sans tact :

– Vous m'avez suivi ?

Ma question ne le fait pas ciller. Il reste impassible et ne confirme aucun de mes doutes. Une pointe de colère naît dans ma poitrine. Je me relève seule et grimace à cause de l'égratignure à mon genou.

Je saisis le vélo en piteux état, prête à partir.

– Je n'ai pas besoin d'une nounou attitrée, craché-je de mauvais poil. Allez plutôt dire à votre patron qu'il peut aller se faire voir ! Je rentre chez moi.

Aucune réaction de sa part.

Je lève les yeux au ciel, exaspérée. Décidée à partir malgré ma blessure, je lui tourne le dos. Mais j'ai à peine le temps de faire quelques pas qu'un raclement de gorge me coupe dans mon élan.

– Hum... L'hôpital est de l'autre côté, mademoiselle.

Je m'arrête de pousser le bicycle. La pluie qui ruisselle sur mon front me provoque un frisson désagréable. Mes dents s'enfoncent dans ma lèvre inférieure alors que je lève les yeux vers la route sombre. Elle est bien différente de ce que j'avais pu distinguer lors de ma pathétique escapade.

Mes épaules s'affaissent.

Il a raison, je me suis trompée de chemin.

Mince.

Je fais demi-tour et passe devant le majordome qui reste planté là, à me scruter dans l'ombre. La honte, mélangée à la colère, me fait taper des pieds sur le gravier.

– Vous n'avez pas besoin de me regarder ainsi, raillé-je, en maîtrisant mal mon agacement. Je savais très bien où j'allais.

– Ah bon ? répond-il, son air condescendant m'irrite.

– Oui, parfaitement.

Ashraf semble surpris.

– Vous m'en apprenez des choses. D'habitude, j'ai une mémoire impeccable en ce qui concerne la localisation.

– Ouais, eh bien, il est temps de réviser vos compétences de GPS, parce que je partais dans la bonne direction.

Cette fois, je suis déterminée à m'éloigner. J'ignore les mèches de cheveux qui me collent au cou. Sauf qu'encore une fois, ce fichu raclement de gorge m'arrête.

FAVOR THE NIGHTMARE (SPIN OFF) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant