𝟾 | 𝙹𝙰𝙼𝙴𝚂𝙾𝙽

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"Un jour, mon mal m'aspirera à jamais dans les abysses."





𝙹𝙰𝙼𝙴𝚂𝙾𝙽






Le monde regorge de couleurs en tous genres. Mais le mien n'est qu'un triste paysage en noir et blanc. Quelques fois, j'aperçois des reflets grisâtres, comme si ma vie n'était qu'un vieux film des années cinquante.

Il m'a toujours été difficile de discerner la joie, le bonheur ou encore l'amour.

En fait, ressentir de tels sentiments me paraît irréalisable. Le contrôle qu'ils ont sur nous me dépasse. Il est terrifiant de voir à quel point ils peuvent nous impacter, réduire en poussière nos espoirs, détruire notre confiance.

Il suffit qu'un être, guidé par les vices, s'approche d'un peu trop près et notre vie éclate en mille morceaux. Enfant, je n'autorisais personne à découvrir ce que je ressentais au fond de ce petit cœur meurtri.

Je me tenais à l'écart de la société.

Lorsqu'un camarade pleurait, je gigotais mal à l'aise sur ma chaise, incapable de le rassurer par des mots. J'ai toujours été d'un silence glacial. Et mes capacités en matière de contact avec l'autre étaient presque inexistantes.

Tout ce que je voulais, c'était être le meilleur.

J'ai grandi avec cette hargne de vainqueur, ce besoin de tout maîtriser et de dépasser ceux qui se dresseront en travers de mon chemin. Après tout, mon frère aîné se nourrissait de la peur afin d'obtenir une meilleure version de lui-même. Damon, quant à lui, s'était dégoté une passion maladive à cerner le comportement des gens à travers les couleurs qu'ils portaient durant une journée.

Moi... Je ne possédais ni la rage de Warmer, ni la minutie et la vivacité d'esprit de Dam. J'étais assis derrière un petit bureau de chêne au fond de la classe, le dos droit, la chemise impeccable et boutonnée jusqu'au menton.

J'étais l'élève que tous les professeurs rêvaient d'avoir.

Le camarade qu'aucun enfant ne souhaitait voir.

Suite à toutes ces années de solitude, j'entends encore mon père me traiter de lâche. Un minable. Un bon à rien qui lui met des bâtons dans les roues.

Nathaniel Black n'a jamais été un modèle.

Aucune once de douceur ne se trouve sous cette chair.

Ce monstre a détruit nos vies.

Mon existence.

– Tout va pour le mieux, monsieur ? Je peux vous apporter un verre d'eau si besoin.

Je me redresse, la tête ailleurs et lourde de tracas. Kitty est toujours aux petits soins pour ses patients. De ce que j'ai appris depuis mon réveil, elle est nouvelle dans cet hôpital et tente encore de prendre ses marques.

Elle a passé la matinée à inspecter mes côtes avec un grand sérieux tout en faisant la conversation. La plupart du temps, je l'écoute parler sans pour autant lui répondre.

Tout ce que je retiens, c'est que mon cas s'améliore.

– Jameson ? m'appelle-t-elle une seconde fois.

Assis dans une chaise roulante, je ne supporte plus qu'on me balade dans tous les recoins tel un vulgaire caddie. Épuisé, je masse mon crâne quand le mal s'y installe.

– Combien de temps ? peiné-je à demander, abattu.

Son raclement de gorge ne me dit rien qui vaille.

FAVOR THE NIGHTMARE (SPIN OFF) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant