✯ 𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝕮𝖎𝖓𝖖 ✯

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Le plus clair de la nuit, Cyol était restée près des grandes baies vitrées qui donnaient une vue imprenable sur les profondeurs du Lac Noir

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Le plus clair de la nuit, Cyol était restée près des grandes baies vitrées qui donnaient une vue imprenable sur les profondeurs du Lac Noir. Baignées par la pâle clarté de la lune qui se déversait en abondance, les eaux sombres semblaient s'illuminer d'une douce aura bleutée, rendant l'imperceptible étrangement visible. Bercée par le va et vient des quelques poissons de passage, Cyol s'était, comme à son habitude, égarée dans le flot intarissable de ses pensées. Bien des choses lui échappaient, sans compter le moindre de ses souvenirs oubliés.

La jeune fille était tristement perdue.

— Qui est là ? s'exprima soudainement une voix masculine, non loin de là.

Cyol, rappelée malgré elle à la réalité, lança un vague regard sur sa droite. Elle ne discerna pas immédiatement la personne qui passait l'arche du salon de la salle commune.

— Je ne crois pas connaitre le rythme léger de ta respiration, poursuit la voix.

Se rapprochant peu à peu d'elle, le jeune homme au teint pâle et aux yeux livides qui accompagnait Sebastian plus tôt, dans la soirée, se tenait à présent à quelques pas.

Les sourcils fronçaient mais ne dégageant pas d'animosité, le jeune homme fixait un point dans le vide. La translucidité de ses prunelles n'échappa guère à Cyol qui n'eut aucun mal à comprendre de quoi il en retournait. Ce garçon était aveugle.

Ne s'exprimant toujours pas, bien qu'il l'ait interrogé depuis quelques secondes déjà, le jeune homme dont les cheveux blonds étaient plaqués en arrière repris instinctivement la parole.

— Oh, tu es la fameuse cinquième année qui vient tout juste de débarquer.

Aucun doute. Aucune incertitude. Il était catégorique.

— Comment as-tu deviné ? lui demanda-t-elle d'une voix posée.

— Tu as fait une telle sensation au diner... Je me suis dis qu'une personne voulant se faire oublier ne me répondrait sûrement pas. Surtout en sachant que je ne te vois pas, ponctua-t-il avec franchise.

Cyol ne put s'empêcher d'émettre un frêle grognement de désapprobation.

— De plus, ton souffle n'a rien de celui d'un première année pris au dépourvu. Le tien est régulier, mais emplit d'une certaine lassitude.

Ce garçon était doué. Il visait avec une certaine exactitude la réalité qu'il ne pouvait entrevoir.

— Touché.

Elle baissa les armes. Se mettre sur ses gardes ne l'aiderait sans doute pas. Puis, alors qu'elle cogitait vaguement à ce que venait de lui dire ce jeune homme, la voix de Sebastian lui revint en mémoire. " Tu ne penses pas qu'à trop vouloir t'isoler, tu ne vas faire que renforcer leur jugement sur toi ? ". Il avait sans doute raison.

— Alors comme ça, tu ne dors pas ? poursuit le jeune homme en prenant place juste en face d'elle, dans l'un des fauteuils de velours vert trônant devant l'imposante vitre. Le contraire m'aurait étonné. Il faut dire qu'en attisant autant les messes basses, c'est compréhensible.

REKINDLE THE STARS - Sebastian SallowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant