On dit bien souvent du hasard qu'il n'est qu'un concours de circonstances. Un jeu dangereux dans lequel l'inattendu, l'inexplicable se produit.
Seulement, était-ce véritablement le hasard qui avait menée Cyol aux portes de Pré-au-Lard cette nuit là...
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Dans l'atmosphère chaleureuse du repas, Cyol dû admettre que la compagnie des jeunes de son âge n'était, finalement, pas si terrible. Tout au long du repas, la balafrée opta pour une approche discrète, préférant écouter attentivement les récits animés, plutôt que de s'épancher sur sa propre vie. A dire vrai, Cyol se contentait bien souvent de lire au travers des petits détails, de ces particularités qui les composaient, y décelant un discours bien plus parlant encore. Elle appréciait lire entre les lignes des histoires partagées autour de la table. Chaque anecdote, chaque geste, chaque émotion exprimée lui permettaient de saisir des fragments de vérité et de construire une image plus complète de qui ils étaient.
Au milieu de l'ambiance enflammée, ses camarades engageaient des conversations emplies d'exaltation, se tournant de temps en temps vers Cyol avec l'espoir d'en apprendre davantage sur elle. Cependant, la brune restait vague dans ses réponses. Qu'avait-elle à raconter, si ce n'était ces histoires composaient de toute pièce, ces mensonges qu'elle devait se persuader de croire pour dissimuler les pièces manquantes de sa mémoire et l'incohérence déroutante de son propre passé ? Alors Cyol s'efforçait de jouer ce rôle qu'on lui avait conseillé, priant que leur ignorance à son égard préserve en elle une fragile paix intérieure.
Seulement, quelque chose la troubla de plus belle. Peu importait ce qu'elle exprimait ou les efforts déployés pour se conformer à son personnage, Cyol décelait dans l'intention de Sebastian une lueur de scepticisme, révélant une réserve de doutes dissimulés. Une fois de plus, il arborait ce regard attentif, emplit de mystère, qui éveillait en elle une cascade de questions sans réponses. Que pouvait-il bien penser ? Que cherchait-il à déceler chez elle ? Ces interrogations persistantes occupaient son esprit, amplifiant son inquiétude quant à l'imprévisibilité de la situation. Seulement, Cyol s'efforça de rester de marbre, se contentant de croire en son jeu d'actrice.
Le dîner se conclut sans encombres, tandis que tous regagnaient progressivement leurs dortoirs dans une flopée de claquement de souliers sur le sol pierreux. Pour Cyol, c'était un soulagement de constater que Sebastian, malgré sa curiosité évidente, n'abordait aucune tentative pour se rapprocher d'elle. Peut-être avait-elle été suffisamment claire dans ses signaux ? Pourtant, sans le connaître réellement, Cyol s'attendait à davantage de persévérance de sa part. Sebastian semblait être quelqu'un d'audacieux, pour qui les obstacles n'étaient que de nouvelles opportunités de tracer un autre chemin, plutôt que de faire demi-tour. Avait-elle mal jugé sa nature ?
Incertaine quant aux intentions de Sebastian, Cyol demeura, une fois de plus, le regard plongé dans les profondeurs mystérieuses du Lac Noir. Incapable de trouver le sommeil, la balafrée resta éveillée jusqu'à ce que la nuit soit pleinement entammée. Dans le silence enveloppant la Salle Commune de Serpentard, Cyol cherchait désespérément un réconfort qui lui échappait ailleurs. Les étoiles étincelaient dans le ciel nocturne, leur éclat se fragmentant en une multitude de reflets à travers l'eau sombre du lac, tandis que les mirages flous de son passé semblaient danser avec les ondulations de l'eau.
