On dit bien souvent du hasard qu'il n'est qu'un concours de circonstances. Un jeu dangereux dans lequel l'inattendu, l'inexplicable se produit.
Seulement, était-ce véritablement le hasard qui avait menée Cyol aux portes de Pré-au-Lard cette nuit là...
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Au rythme des cours de sortilèges et de potions, les jours se profilèrent dans leur cycle le plus naturel. Rapidement, les dernières brises de septembre s'évanouirent pour céder la place à l'air rafraichi du mois d'octobre. Les arbres, auparavant parés de leurs feuilles vertes luxuriantes, se revêtirent d'une parure automnale aux teintes de feu. Les champs de citrouilles qui s'étalaient au pied de Poudlard et de Pré-au-Lard revêtaient leur manteau orangé sous le ciel pâlissant. C'était le début de la saison des récoltes, un moment où la nature se drapait dans ses couleurs les plus éblouissantes avant de se préparer à son sommeil hivernal.
L'automne s'installait enfin, marquant le passage des saisons.
Pour la toute première fois, au plus profond de l'abîme de ses souvenirs, Cyol Evermoore contemplait un spectacle aussi vivant et captivant. Au travers des livres et des souvenirs d'autres personnes, la sorcière avait souvent entendu parler de l'automne. Seulement, pour la toute première fois, elle pouvait être témoin du charme de la Nature se renouvelant sous ses yeux émerveillés. Après avoir vécu les trois saisons précédentes – l'hiver, le printemps et l'été – l'automne se dévoilait comme un tout nouveau monde à explorer pour elle. Ainsi, Cyol savourait chaque couleur qui se dessinait, les délicates senteurs de bois fumants s'échappant des cheminées, l'intensification du parfum des pins dans la forêt environnante, et la douce odeur de cannelle qui s'élevait depuis les cuisines de Poudlard. Les elfes de maison s'affairaient inlassablement pour concocter les mets les plus délicieux de la saison automnale. La magie de cette période nouvelle enveloppait Cyol, la transportant dans un monde empli de découvertes et d'émerveillement.
Cela avait le don de lui faire penser à autres choses, ces derniers temps.
Les jours qui avaient suivi cette matinée désastreuse à Pré-au-Lard, Cyol s'étaient laissée allée à une période d'intense réflexion. La situation avec Sebastian était devenue relativement tendue, animée par quelques œillades et un silence qui assourdissait le bruit de leur pensée. Pour la jeune femme à la chevelure courte, cette situation avait fortifié le tumulte insatiable de son esprit. Elle se sentait vulnérable, comme si une partie de son intimité avait été violée lorsque Sebastian, un garçon de son âge, avait découvert une partie de son secret. La réticence qu'il manifestait à présent la laissait perplexe.
Cyol éprouva un sentiment désagréable et empreint de honte, celui de se sentir jugée par Sebastian. Alors qu'elle avait réussi à ignorer les premières impressions qu'elle avait suscitées chez ses camarades en début d'année, le fait d'être désormais considérée sous un jour sombre par quelqu'un qu'elle avait espéré estimer était profondément blessant. Les hypothèses les plus lourdes s'insinuaient au fond d'elle, lui intimant que ce garçon à la chevelure de cuivre la jugeait, ne la comprenait pas, la considérait peut-être comme une sorte de bête sauvage, à l'instar de tous.
Les longues journées d'automne, bien que magnifiques en apparence, étaient devenues des moments de solitude et de confusion pour Cyol.
Tant bien que mal, la balafrée espérait comprendre pourquoi Sebastian l'évitait délibérément, lui qui pourtant avait tout fait pour se rapprocher d'elle. Pourtant, Cyol ne prenait pas non plus l'initiative de faire un pas envers lui. Chacun d'entre eux éprouvait des sentiments qu'ils n'étaient pas en mesure de confesser, laissant place à une incompréhension persistante.
