On dit bien souvent du hasard qu'il n'est qu'un concours de circonstances. Un jeu dangereux dans lequel l'inattendu, l'inexplicable se produit.
Seulement, était-ce véritablement le hasard qui avait menée Cyol aux portes de Pré-au-Lard cette nuit là...
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Au beau milieu de l'agitation ininterrompue, dans le flot intarissable de pas et de paroles qui se bousculaient, les regards de deux inconnus se croisèrent. Au gré de la rencontre imprévisible, Cyol aborda une prudence sans faille. Ne rien laisser paraître. Rester attentive. Comme une loi rigoureuse qu'elle s'était donnée de suivre scrupuleusement.
Aucun sortilège de désillusion ou quelconque potion d'indivisibilité ne pouvaient faire disparaître Cyol, à ce moment précis. Pourtant, elle ne désirait rien de plus que de demeurer tel un détail parmi tant d'autres, une ombre parmi les ombres.
Plus tôt dans la soirée, avant que ne s'emplisse la pièce de plusieurs dizaines d'élèves, la jeune femme à la fière solitude s'était assurée que, dans l'obscurité opaque des alcôves, personne ne pouvait la remarquer. Dans le fond, ils allaient être bien trop occupés à festoyer pour que l'un d'entre eux ne relève sa présence, à l'écart de la foule. Toutefois, alors qu'elle attendait patiemment que vienne l'heure imparable de son affiliation à l'une des Maisons de Poudlard, Cyol était devenue le centre d'une attention imprévisible.
Dans le tumulte des réjouissances, inexplicablement et ce, durant de longues minutes, les deux étrangers s'observèrent. Plusieurs mètres les séparaient et, malgré cela, Cyol parvenait à discerner la nuance sombre qui teintait les yeux de son interlocuteur silencieux. Un marron profond, telle une forêt d'ébène magnifiée par un soleil couchant, au travers duquel la jeune femme ne parvenait à lire. Pas à cette distance, en tout cas.
De nombreux questionnements prirent place dans son esprit et, pourtant, Cyol ne laissa rien transparaître. Évidemment , elle se demandait qui pouvait bien être ce garçon qui, entre tous, semblait être le seul à l'avoir discerné. Alors que les interrogations et les élucubrations se poursuivaient au fond d'elle, l'assemblée parut soudainement retrouver son calme et son équilibre, au rythme d'une voix rocailleuse s'élevant dans toute la salle.
Le Directeur de Poudlard, Phineas Nigellus Black, prenait enfin la parole.
— Chers élèves de Poudlard, le corps enseignant ainsi que moi-même vous souhaitons à toutes et tous la bienvenue pour cette nouvelle année d'enseignement, commença-t-il en déployant ses mains gantées magistralement.
L'imposante dureté de sa voix capta toute l'attention vers lui et rompit, finalement, le lien insaisissable qui s'était tissé entre Cyol et ce garçon, lorsque ce dernier reçu un coup de coude amical d'un de ses camarades. Lentement, il se détourna d'elle. A sa place, Cyol resta encore quelques secondes attentives. Puis, finalement, elle se rapprocha du pilier contre lequel elle vint s'appuyer pour mieux voir le Directeur faire son discours au centre de l'estrade. Tout en continuant de jeter, de temps à autre, quelques œillades intriguées vers la tablée de ce garçon.
— Avant de laisser place à vos assourdissantes retrouvailles une fois de plus, poursuit-il avec ce sarcasme naturel qui le rendait désagréable, autour d'un panel de mets préparés par nos elfes, permettez moi de laisser la place aux premières années pour la cérémonie de répartition.
