Face au miroir posé en équilibre contre le mur de pierres blondes de sa chambre de substitution – au sein d'une chaumière située plus bas à la sortie du château, Cyol étudiait avec une attention toute particulière son reflet. Le maigre bout de verre lui suffisait à voir les détails les plus marquants de sa physionomie et de son allure, à ce moment précis. L'accoutrement dont elle était vêtue la rendait quelque peu perplexe.
D'ordinaire, la jeune femme s'habillait de son habituel pantalon en toile brune ceinturé à sa taille par une sangle de cuir ornée d'une épaisse boucle argentée gravée ; ainsi qu'une ample chemise blanche maintenue sous un corset de cuir noir, armaturant l'ensemble de son tronc. A la place de quoi, ce soir-là, elle portait l'uniforme réglementaire d'un élève intégrant pour la première fois les rangs de Poudlard.
Tout de noir vêtue, Cyol eu l'impression que le teint pâle de sa peau ressortait bien plus blafard. Une question d'habitude, se rassura-t-elle. Quant à l'entaille qui traversait rugueusement la peau de son oeil gauche — sans avoir abimé ce dernier, elle semblait ressortir comme l'unique chose sur laquelle les regards pouvaient s'attarder.
D'une caresse éphémère, Cyol effleura du bout de ses doigts fins un souvenir de son passé oublié. Une marque indélébile gravée sur sa peau et au plus profond de sa chair.
— Je vais devoir m'y faire, je ne pourrais pas la cacher.
La jeune femme refusa de s'y attarder trop longtemps. Non seulement, car il en était ainsi et que rien n'y ferait, elle garderait cette trace à vie. Mais également, car le présent se trouvait face à elle et qu'il valait mieux faire trois pas devant pour guider la valse, plutôt que trois pas derrière au risque de se faire mener.
La jeune femme à l'épaisse chevelure brune réajusta son bas. Par chance, elle s'était arrangée avec le Professeur Sharp pour obtenir un pantalon, plutôt qu'une jupe. La future élève se sentait mieux ainsi et cela rehaussait son goût pour l'uniforme.
Alors qu'elle achevait son analyse d'elle-même et arrangeait les derniers détails, Cyol aperçue au travers du reflet l'horloge murale, juste derrière elle, qui indiquait bientôt huit heures du soir. La grande cérémonie de répartition, accompagnée de son imposant banquet de mets divers,n'allait plus tarder.
L'heure de la rentrée était sur le point de retentir.
— Je n'ai plus une minute à perdre, souffla-t-elle à voix basse.
La future élève attrapa alors d'un geste souple la longue cape foncée soigneusement posée sur le lit, avant de venir la nouer autour de son cou. Puis, elle boucla une dernière fois ses maigres bagages qui allaient bientôt être remontés dans les dortoirs de l'école.
Avant de sortir, elle jeta un dernier coup d'oeil au miroir.
— Je crois en toi, s'adressa-t-elle d'une voix douce comme pour se réconforter.
VOUS LISEZ
REKINDLE THE STARS - Sebastian Sallow
Fiksi PenggemarOn dit bien souvent du hasard qu'il n'est qu'un concours de circonstances. Un jeu dangereux dans lequel l'inattendu, l'inexplicable se produit. Seulement, était-ce véritablement le hasard qui avait menée Cyol aux portes de Pré-au-Lard cette nuit là...