vingt et un juin à l'infini

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Hermione n'avait, pendant presque quatre ans, pas passé une journée sans penser au vingt-et-un juin. Ce jour qui avait pourtant si bien débuté, dans les bras de Drago, son corps baigné des rayons du soleil naissants que les rideaux verts sapins ne filtraient pas. Ce matin là avait été le premier où elle s'était demandé si Drago la quitterait un jour. 

Et vous connaissez tous la suite. 

Ce matin, la même boule d'appréhension et d'incompréhension qui pesait sous la poitrine ce jour là avait fait sa réapparition. Une fin pellicule de sueur collaient les cheveux de sa nuque à sa peau. Sa respiration était saccadée, son esprit embrumé. 

Elle sentit la peau douce des bras de Drago encercler sa tête, appliquant une légère pression pour qu'elle s'allonge à ses côtés à nouveau. La boule ne s'évapora pas lorsqu'elle laissa ses doigts filer dans les cheveux d'argent, ou quand elle posa son regard sur le visage angélique de Drago. 

Elle se leva, descendit vers la cuisine pour se servir un grand verre d'eau.

C'est stupide, se disait-elle. Drago ne va pas partir.

Elle le savait. Au fond d'elle, elle était certaine qu'il ne la quitterait plus. Ni elle, ni les jumeaux. 

Mais cette boule. Cette foutue boule commençait à la faire douter. Elle ne l'avait plus sentie depuis le jour où Drago s'était imposé à leur réunion du TDTS, mais voilà qu'elle faisait son grand retour. Comme pour la prévenir que son amant allait se volatiliser à nouveau. 

Elle posa une main sur sa poitrine, dans l'espoir de calmer les battements de son cœur, avala le reste de son verre d'eau, passa un œil dans l'ouverture de la porte de la chambre des jumeaux en remontant, et s'allongea à nouveau dans les bras de Drago.

Elle laissa son parfum s'infiltrer entre ses narines alors qu'il la serrait un peu plus contre son torse. Les battements effrénés de son cœur se calmèrent. Cette fois, elle ne le laisserait pas partir. Cette fois, elle était prête. 

***

L'estomac d'Hermione était comprimé par une boule clignotante qui gagnait du terrain. Elle n'avait pas touché à un fruit de son assiette au petit déjeuner, et le riz au poulet coco avait subi le même sort lors du déjeuner. 

Leurs amis avaient transplané pour Londres un peu plus tôt dans la matinée. Et à chaque départ, la boule avait gagné en volume, comme si chacun des sorciers à ses côtés était un barrage qui empêchait le départ de Drago, et que tous lâchaient les uns après les autres. 

Scorpius essuya ses lèvres du revers de son bras et poussa son assiette vide vers le centre de la table. 

- On va dans l'eau.

- D'accord mais pas longtemps, on part avant la tombée de la nuit, il faut que vous fassiez vos sacs.

- Oui, maman ! 

Les voix des jumeaux se perdirent dans le vent de leur course vers l'océan.

- Qu'est ce qu'il ne va pas ?

- Je ne sais pas, un présentiment.

Drago fronça les sourcils en mâchonnant un morceau de poulet.

- Quel genre de présentiment ?

- Le même que le matin du 21 juin.

Drago déglutit et approcha son corps de celui d'Hermione. Leurs genoux s'entrechoquèrent et il lui saisit les mains.

- Je ne pars plus. Pour aucune raison. Si la faucheuse se pointe, je lui botte le cul jusqu'à ce qu'elle retourne chez elle en me laissant ici avec vous. 

merci pour les roses, merci aussi pour les épinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant