CHAPITRE 20 - JODY

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Pour ce chapitre, je vous conseille d'écouter The Gold - Phoebe Bridgers Version.

👥 : ne skipez pas la note à la fin du chapitre, elle est un peu spéciale ❤️‍🩹
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  J'ai lu quelque part cette phrase :

« In me, I carry the entire capacity
of human nature. »

— « Je porte en moi toute la capacité de la
nature humaine. »

  Ces mots n'ont plus jamais quitté mon esprit.

Il y a des extraits comme celui-ci, des fragments de morale, des leçons tirés de récits de vie, des adages qui résonnent en écho et qui nous bouleversent jusqu'à l'os.

  L'idée sous-jacente de cette phrase n'est autre que chacun de nous, en son être, réunit toutes les « faces » de l'humain. Je m'explique : nous avons tous en nous, la capacité d'être, de devenir le pire comme le meilleur des Hommes. Tout ce que nous vivons détermine qui nous sommes, qui nous devenons par la suite, mais, initialement, nous avons tous en nous la possibilité d'être quelqu'un d'autre. On pourrait dire que nous sommes multi-potentiels, quelque part.

  Lorsque nous venons au monde, nul ne sait encore qui nous deviendrons : seul le temps et la vie le révèleront. Je trouve cela aussi magnifique que frustrant, l'idée qu'en fonction de ce que nous vivrons, notre essence se verra porter plus ou moins vers le mal ou le bien. L'idée que tant de possibilités d'existences différentes s'offrent à nous, tout en demeurant complètement ignorants de l'existence d'une palette de la nature humaine.

  Je me demande souvent si j'ai véritablement choisi d'être qui je suis, ou si je ne suis que mosaïque des fragments de ma vie. Si, en réalité, ma nature échappe à mon libre arbitre et n'est que le fruit des vagues de mon existence.

  J'ai longtemps cherché à trouver une réponse à ces questions, jusqu'à ce que je comprenne que je n'en aurais jamais vraiment. Alors, quitte à ce que je vive selon cet élan, je me suis promis de toujours faire de mon mieux. Je ne pourrais pas prétendre être le meilleur des Hommes, mais je pourrais toujours tenter de faire le bien autour de moi, à tout prix. J'ai choisi le verbe « tenter » volontairement, car, en réalité, on ne peut jamais faire le bien partout. On peut simplement choisir d'embrasser l'humanité dans son entièreté, sans en démentir les évidents travers.

  Cela dit, malgré moi, je dois bien reconnaître que les humains m'exaspèrent, parfois. Souvent. Il est difficile de toujours garder son sang-froid en toute circonstance.

  C'est précisément ce que j'essaie de faire en ce moment même, alors que Liz enlace ses mains autour du cou de Jones.

  Je cligne plusieurs fois des yeux, tandis qu'Ethann m'adresse un regard en croix embarrassé.

  C'est son... anniversaire ?

  Liz met quelques secondes à le relâcher : il n'a même pas cherché à resserrer ses bras autour d'elle, tant il a été pris de court par cette interruption soudaine.

  On a failli s'embrasser, bon sang.

  Mon sang chante dans mes veines en repensant au peu de distance qui nous séparait l'instant d'avant. Je ne sais pas comment il arrive à susciter autant de sentiments contradictoires en moi, mais il me paralyse en un seul geste. C'est déstabilisant de se savoir autant à la merci de quelqu'un. Autant en proie à une emprise invisible. C'est presque aussi frustrant de se savoir prisonnière de celle-ci que d'ignorer comment s'en sortir.

Buried in liesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant