CHAPITRE 19- ETHANN

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Pour ce chapitre, je vous conseille d'écouter Cardigan (TikTok Version) de Alekisok (Taylor Swift).

👥 : cette musique colle particulièrement à l'ambiance du chapitre, je vous conseille FORTEMENT de l'écouter avec :) vous me remercierez.

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Le même soir, chez les Jones

—C'est moi ou ça sent le renfermé ici ?

Je viens à peine de rentrer, lorsque j'aperçois ma mère inhumant l'air de ses narines, contrariée.

  Il y a eu une fête, maman. Si tu savais...

—Salut, maman, je souffle avant de faire un pas dans sa direction.

Je dépose un baiser délicat sur sa joue alors qu'elle repose ses affaires au sol. Elle est vêtue d'une longue jupe en jean ainsi que d'un chemisier à fleurs bleues et blanches. Ses cheveux noirs de jais, dont j'ai hérité, sont retenus dans une queue de cheval parfaitement plaquée.

Comme à son habitude, elle se déchausse avant de venir s'asseoir sur la première chaise qu'elle trouve. Là, elle me considère d'un air inquiet avant de déclarer d'un ton las :

—Tu as mauvaise mine.

—Merci du compliment, j'ironise avant de lui sourire.

Mon coeur bat contre ma tempe. Je suis rassuré de la retrouver de bonne humeur : c'est une chose qui se fait de plus en plus rare, dernièrement. Je savoure chacun des instants où elle n'est pas froide et distante avec moi.

  J'ai toujours eu l'impression de devoir mériter l'amour de ma mère. Je ne sais pas vraiment à partir de quel moment la peur de la décevoir s'est manifestée. Mais, d'aussi loin que je m'en souvienne, je me suis toujours senti comme « pas assez ». Je pouvais toujours m'améliorer. Je devais toujours m'améliorer. Toujours faire mieux, toujours faire plus, toujours, toujours...

  Au fil du temps, cette peur s'est installée au point de devenir une véritable angoisse. J'en venais à faire des choses qui ne me plaisaient pas, à repousser mes limites quitte à mettre de côté ma santé mentale, à ne plus m'écouter et ne me fier qu'à son avis. Cette peur s'est littéralement installée en moi, elle s'est logée dans un coin de mon esprit jusqu'à ne plus le quitter.

  Parfois, je me demande si je suis encore capable de distinguer ce que j'aime de ce qu'elle aime, ce que je veux de ce qu'elle veut. C'est terrifiant, comme impression. Ne pas savoir qui on est, car on a passé son temps à essayer de s'effacer pour se sentir aimé. Avoir passé plus de temps à essayer de plaire plutôt que d'apprendre à s'accepter.

  Se sentir constamment insuffisant, ou, du moins, avoir l'impression de devoir être suffisamment bien pour être aimé. Suffisamment à la hauteur.

  Je reprends mes esprits et tente d'afficher l'expression la plus neutre qui soit. Ça aussi, ça s'est naturellement intériorisé en moi : ma capacité à être froid et distant avec quiconque, quand bien même mon coeur hurle de douleur.

—Quoi de neuf ? je demande au bout d'un moment.

  Je me laisse aller contre le mur à ma droite.
  Lui, au moins, il me soutiendra.

—Je suis épuisée. Ces chiffres m'ont donné mal à la tête ! elle soupire nonchalamment.

  Ma mère est analyste budgétaire d'une grande multinationale. En d'autres termes, elle suit l'utilisation de l'argent de la société, les investissements réalisés, ainsi que l'évolution et la compétitivité de l'entreprise. Elles est chargée, par exemple, de la détermination des budgets.

Buried in liesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant