CHAPITRE 6 - JODY

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Pour ce chapitre, je vous conseille d'écouter The Best I ever Had de Limi :)
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  Je me contente d'ignorer sa remarque avant de me retourner vers Monsieur Lewis, suffocante :

—Euh... à vrai dire, j'avais d'autres pla...

—Si j'étais vous, j'accepterais cette proposition, il me coupe d'un ton cinglant. On sait tous les deux que vous n'avez pas l'avantage dernièrement.

  Ses paroles ont pour effet de couper court à mon embarras face à la situation. Il marque un point ; je n'ai pas vraiment le choix. Jetant un œil par-dessus l'épaule de mon professeur, je croise le regard du nouveau, et je regrette déjà de ne pas avoir été plus attentive en cours dernièrement. Lui semble s'amuser de la conversation et ne cache pas un sourire mauvais quand M.Lewis commence à m'expliquer le rôle dont il me pourvoie. J'entends à peine ses paroles, tant la rage grimpe en moi à l'image d'un feu de forêt. Je n'aurais pas pu imaginer pire scénario que celui de devoir être la marraine de quelqu'un, sauf celui où cet imbécile s'avérerait être mon filleul.

—Enfin, c'est juste histoire de lui permettre de s'acclimater... conclut M.Lewis.

  Je n'ai évidemment pas écouté ce qu'il a expliqué et me contente d'hocher la tête en signe d'acquiescement.

—Je me ferais un plaisir de le faire se sentir comme à la maison, j'assure avec le sourire le plus faux possible scotché aux lèvres.

  Le nouveau me défie instantanément du regard et je penche la tête sur le côté, soutenant son contact visuel. Après tout, ce n'est qu'une question de tour de campus et de présentation brève. Ce sera rapidement terminé. D'ici peu, je n'aurais plus jamais besoin de lui adresser la parole.

Monsieur Lewis semble se détendre et, tout en me gratifiant d'un sourire satisfait, il ajoute :

—Je compte sur vous pour répondre à toutes ses questions et être à son écoute, Jody !

—Je me réjouis d'avance ! ajoute le nouveau.

Son air narquois me fait perdre le semblant de patience qu'il me reste.

—Ne t'en fais pas, tu es entre de bonnes mains ! je rétorque, poussée par une intention de lui clouer le bec.

  Mon ton trahit l'ironie et la méprise que je ressens à son égard. Malheureusement pour moi, le sourire victorieux du nouveau ne fait que s'agrandir, et je n'ai plus de doutes quant au fait qu'il fera tout pour m'en faire baver dans les jours à venir.

—Me voilà rassuré, termine M.Lewis, non sans nous étudier d'un air interloqué l'un après l'autre.

Puis, après nous avoir promptement salué, il s'éloigne en direction des escaliers. Là, le silence retombe entre le nouveau et moi. Il affiche le même air supérieur qu'un peu plus tôt, et je donnerais tout ce que j'ai pour le voir s'effacer.

—On dirait bien qu'on va devoir passer un peu de temps ensemble, Thompson !

Je grimace en l'entendant prononcer mon nom. Je n'aime pas comment il résonne dans sa bouche, ni qu'il ne connaisse ne serait-ce qu'une information aussi insignifiante que mon nom de famille me concernant. Si mes yeux étaient des revolvers, il serait déjà mort, abattu sous les balles.

Soudain, je fais le lien entre le hasard et ses apparitions insupportablement fréquentes, et je manque de m'étouffer en comprenant le subterfuge.

—C'est toi qui m'a désigné, pas vrai ? je m'indigne, tout en connaissant déjà la réponse.

Buried in liesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant