Capitulum 15

333 32 0
                                    

Mon corps me brûlait furieusement. J'avais l'impression que du plomb en fusion m'écrasait et chaque mouvement de ma part ne faisait qu'augmenter ma souffrance. Lorsque j'ouvris mes paupières, le monde était flou et tournait autour de moi. Les voix de mes compagnons semblaient étouffées et je n'arrivais pas à les comprendre. Je sentais aussi le sang ardent des reptiles parcourir l'entièreté de mon corps. 

Je pensais que le pire était passé, mais m'habituer aux toxines des serpents était plus dur que prévu. J'alternais entre les moments où la fièvre et les douleurs de mes muscles, contractés au-delà du possible, montaient et les moments d'accalmie où je pouvais enfin souffler un peu et me reposer entourés de la protection des démons. Ces brefs moments de répit étaient courts, mais sans cela, je n'aurais pas pu tenir. 

L'étoile guide n'allait pas tarder à se lever et les petites lampes à huile éclairant la pièce laissaient une ambiance très intime et assez rassurante pour moi. Je m'accrochais à tout ce que je pouvais percevoir et qui pouvait me faire tenir face à la douleur. La lumière tamisée des lieux, les couvertures douces sur lesquelles je reposais, les odeurs des reptiles ainsi que leurs chuchotements que j'entendais. Et bien que je ne puisse pas les comprendre, je savais qu'ils m'encourageaient. 

Je sentais aussi régulièrement un linge humide être passé sur mon corps afin de me rafraîchir et j'étais abreuvé autant que possible. 

D'un autre côté, plus le temps passait et plus mes sensations se retrouvaient décuplées. Cela avait été la pire des tortures au début, puis le plaisir avait commencé à émerger, doucement, jusqu'à être au même niveau que la douleur intense qui parcourait mon être. 

J'étais dur et mon membre ne demandait qu'à se libérer, mais c'était impossible. Le toucher n'était que supplice pour moi. C'était une véritable torture qui menaçait de me rendre fou. 

Lorsque mon excitation atteignait son point culminant, je dirigeais ma main vers mon bas-ventre, avide d'en finir, mais les démons m'en empêchaient toujours, me brûlant au passage de leurs doigts sur mon corps. 

La moindre caresse sur mon corps, le moindre souffle me faisait perdre la tête et en un rien de temps, je basculais entre une brûlure extrême et un plaisir profond où j'en voulais toujours plus. 

J'étais totalement déphasé et je demandais sans relâche à ce qu'on me libère de mes maux. Puis, lorsque le plaisir reprenait le dessus, je ne voulais plus que cela s'arrête. 

Le sang sur mon corps avait commencé à être absorbé par ma peau et plus le temps passait, plus il y disparaissait pour se couler en moi. La chaleur de leurs sangs se diffusait alors dans tout mon être de manière plus intense, devenant alors de la lave et augmentant encore plus mes sensations. 

Au bout d'un temps qui me parut plus long que l'éternité, je commençais enfin à reprendre mes esprits. Ma souffrance devenait des braises qui se calmaient doucement et mes phases de fièvre diminuaient. 

Je pus discerner les voix des reptiles et les comprendre au milieu du brouillard qui m'entourait. Les caresses qu'ils me faisaient étaient d'une douceur incroyable, et même si leurs mains me calcinaient et que plaisir et douleur continuaient de me terrasser à chaque mouvement, j'en profitais autant que possible. 

— Est-ce que tu veux que je te perce ce soir ? Tu es encore très sensible alors si tu veux attendre, nous le pouvons, proposa le guérisseur. 

— Je veux le faire maintenant, j'ai déjà fait tout ce chemin et ce n'est pas pour rien. D'autant plus que vous êtes là, alors je sais que tout se passera bien. 

Il n'en fallut pas plus pour qu'Indra se jette contre moi en me déposant milles baisers sur le visage et même s'il manquait de m'étouffer et qu'il réussissait à me faire hurler autant de plaisir et que de douleur, je vins faire jouer ma langue avec la sienne jusqu'à ce que je ne puisse plus. 

Serpens NaturaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant