Capitulum 38

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 — La couvée durera de longs mois. Il s'agit de ton premier né alors nous devrons rester vigilants. Ton corps n'est pas encore habitué et tu risques d'être éprouvé par ces changements, déclara Jiël'ir.

J'acquiesçai, un peu distrait. Nous n'avions pas bougé de notre étendue d'eau. Arún m'avait emprisonné contre lui et resserrait ses bras lorsque l'un de nos compagnons s'approchait trop près.

Jiël'ir avait dû batailler de longues minutes, ne ployant aucunement face à la puissance du démon ardent. Il s'appliquait avec grand soin à masser mon corps à l'aide d'un baume aussi souvent que possible.

Les instincts de tous étaient échauffés. Je n'avais jamais vu cela. Les plus inquiets avaient besoin de contact régulier avec moi, autant par le toucher qu'avec nos auras. Cela ne plaisait que peu à Nâga et Arún qui semblaient vouloir me garder un peu plus pour eux.

J'avais pensé que ces deux-là finiraient par se battre, mais ce n'en fut pas le cas heureusement. Ils étaient très possessifs et très complémentaires pour une fois.

Ils ne paraissaient plus pouvoir utiliser l'énergie qu'ils avaient déposée en moi. C'était une bonne chose, je ne voulais pas risquer de me retrouver une nouvelle fois avec mon âme qui se consume sous leurs puissances.

C'était une nouvelle confirmation qu'un esprit avait pris possession de ces dernières également. Une âme bel et bien ardente et déchaînée au possible.

— Les prochains jours seront sans nul doute parmi les plus épuisants. L'âme de ce petit être aura besoin d'être en parfaite osmose avec les énergies qui sont en toi. Tu risques de te sentir à l'étroit dans ton corps avant que chacun soit à sa place.

J'écoutais Jiël'ir l'esprit derrière une paroi de verre. J'étais présent, mais tout un tas de pensées accaparait ma concentration. J'espérais que personne ne m'en voudrait d'écouter à moitié.

J'avais cette étrange impression de revivre. Mon âme s'était en grande partie consumée, je l'avais perçu. Et à présent, tout me paraissait changé.

Mes sens étaient différents. Mon ouïe était centrée sur mes compagnons et sur de potentiels bruits au travers des fougères qui pourraient nous nuire. Ma peau était si sensible et pourtant, j'avais l'irrésistible envie qu'on la caresse. Les odeurs de mes compagnons étaient plus fortes, plus enivrantes aussi. Et je voyais beaucoup plus clair qu'auparavant.

Tout avait changé oui. Mais ce n'était pas vraiment dérangeant. J'étais contraint de me focaliser uniquement sur ma horde et sur notre protection. Je devais préserver l'âme qui allait grandir en moi.

Indra remit en douceur sa tête sur mon ventre, mettant bien en évidence son cou et le haut de son corps afin de paraître le plus vulnérable possible pour Arún et Nâga.

Je posais à mon tour ma main sur sa joue et la caressais paisiblement. Il se sentait plus bouleversé que moi.

Ses émotions vibraient si fortement que j'en étais ébranlé. Il était heureux, mais aussi très angoissé. Il avait peur d'être mis de côté, que la couvée se passe mal ainsi que des changements à venir.

Je ne pouvais le laisser comme ça. Je le ramenais davantage vers moi et lui offris une étreinte qui se voulait pleine d'assurance, de tendresse et d'amour.

J'avais entendu un léger grondement dans mon dos et Jiël'ir qui s'était vivement redressé vers Nâga, mais je n'en avais que faire. Indra était plus important.

Des larmes s'échouèrent sur mon épaule et des soubresauts firent trembler mon corps. Son aura s'étendit rapidement comme une éruption, et ses pleures devinrent une coulée de lave faisant jaillir ses émotions.

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