Serpens Natura

Capitulum 19

J'ouvris les yeux et grognai légèrement tout en essayant de me dégager de la chaleur qui m'entourait. Elle était aussi écrasante que les rayons de l'étoile guide qui s'abattaient dans le désert et j'avais grand mal à la supporter.

Néanmoins, mon sommeil avait été suffisamment lourd et réparateur pour que je me sente complètement remis des effets négatifs que m'avait fait ressentir le venin de Nâga.

Mes sens étaient toujours plus développés qu'avant, mais cela n'était plus du tout gênant. J'arrivais, à présent, à supporter la chaleur de la horde, même si celle d'Arún restait encore trop brûlante pour moi.

Le démon était, par ailleurs, endormi dans mon dos et me serrait fortement entre ses bras. Son souffle brûlant me piquait l'épiderme et sa peau ardente avait fini par m'embraser totalement, si bien que j'éprouvais les mêmes sensations que lorsque j'avais de la fièvre.

Son énergie caressait la mienne avec beaucoup de force si bien que j'étais sur le point de jouir juste comme cela, mais elle se faisait, comme habituellement, brider par celle de Nâga. Il faisait toujours attention à ce que le demi-lebraude ne nous consume pas avec son aura par inadvertance.

Lorsque certains démons perdaient leur ancrage sur leurs énergies, il arrivait que ces dernières prennent le dessus et que leurs entourages en subissent les conséquences.

Arún arrivait très bien à rester concentré sur son aura pourtant si vivace, mais il arrivait qu'il se relâche plus qu'habituellement lorsqu'il était agité ou qu'il dormait d'un profond sommeil.

Je l'avais notamment remarqué le jour de ma cérémonie. Son excitation était passée au-dessus du reste et le meneur de la horde l'avait rappelé à l'ordre. Il en avait fait de même la veille alors que le démon se sentait plus impatient de retrouver sa famille.

Je relevai la tête, cherchant du regard Nâga que je savais éveiller et le trouvai enlaçant Gormïé. Il nous observait tranquillement. Le reptile caressait distraitement les reins du démon contre lui, tout en sifflant avec douceur, augmentant la bulle de bien-être tout autour de nous.

J'arrivais à voir les énergies de tout le monde se lier, et même passer au travers de mon corps afin qu'elles se régulent avec la mienne. Depuis que j'avais reçu les toxines des reptiles, ils faisaient circuler davantage de puissance en moi. Nos corps étaient des sortes de réceptacles qui permettaient de limiter et contrôler les auras de tous.

Je percevais l'écoulement des énergies de toute la horde dans un rythme similaire à des battements de cœurs. Celle du demi-lebraude était la plus abondante, mais c'était aussi l'aura qui aidait grandement à maintenir l'équilibre.

J'essayai de m'écarter un peu d'Arún, cherchant à retrouver un peu de fraîcheur, mais c'était peine perdue. Le démon me retenait contre lui et j'avais peur de le réveiller en bougeant trop.

— Veux-tu de l'aide ? intervint Nâga amusé par le piètre spectacle que je devais donner.

— J'ai chaud, mais je ne veux pas le réveiller...

Le reptile sourit un instant et se mit à chuinter aussi légèrement qu'un murmure. Son énergie engloba un peu plus celle du démon dont l'intensité de sa chaleur se mit à diminuer grandement après cela.

— Merci, soufflai-je, heureux de pouvoir respirer un peu mieux.

— Arún n'est pas aussi envahissant que les juvéniles avec son aura, mais il apprécie énormément le contact et refroidir son corps avec ceux des autres. Tu es un vrai petit glaçon pour lui.

Je trouvais cette métaphore amusante. Je ne pensais pas que je pouvais aider à réguler la chaleur du démon comme cela. Il passait beaucoup de temps dans les eaux afin de calmer sa chaleur si ardente.