Capitulum 17

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Mes souvenirs, après que Nâga m'ait mordu, étaient resté dans le flou.

Je me rappelais cependant très bien de cette douleur intense qui avait pris possession de mon être et de la chaleur écrasante qui m'avait accablée. Elle n'avait d'ailleurs pas tardé à me faire suffoquer et perdre la raison. La fièvre avait fini par m'emporter après d'interminables cris de souffrance.

J'étais tellement sensible que tout devenait douloureux. Je sentais le poids de mon propre corps m'écrasant comme une chape de plomb ; le sang et les toxines des démons parcouraient mes veines ardentes, mes poumons se remplissant et se vidant de manière désagréable.

Je m'étais senti délirer en entendant les démons me hurler dans les oreilles. J'avais été ébloui par les bougies qui illuminaient la pièce, pourtant peu nombreuses, et l'air saturé par les multiples odeurs m'était vite devenu insupportable tant celles-ci étaient nombreuses et entêtantes.

Il faisait chaud puis froid. Mon corps était parcouru de frissons et j'étais trempé. J'étais extrêmement fatigué. Je peinais à ouvrir les yeux, mes paupières étant trop lourdes et mes rétines brûlantes.

Mes périodes de semi-conscience étaient ponctuées par les moments où je sentais que l'on me donnait à boire et à manger, avec peine cependant. J'avais grand mal à ouvrir mes lèvres, tant mon être était douloureux.

Je sentais des mains me toucher et m'enduire régulièrement le corps et l'intimité de quelque chose de chaud, voir trop chaud certaines fois ; mon seul apaisement.

Parfois, on m'en faisait goûter. Ce n'était pas désagréable et son goût était toujours différent, mais je me sentais toujours mieux à chaque fois que l'on m'en donnait. Je me surpris même à en vouloir encore.

J'avais l'impression de sentir la vie des reptiles à travers cela, mais je ne comprenais pas ce que c'était.

Finalement et au prix de grands efforts, je réussis à ouvrir doucement les paupières. L'impression qu'il me manquait quelque chose m'étreignait le cœur et je ne comprenais pas d'où venait ce sentiment. C'était cela qui m'avait réveillé.

J'avais encore beaucoup de mal à rester alerte et les lumières modérées des bougies m'éblouirent, me faisant refermer les paupières rapidement.

J'étais tellement endolori que bouger était une torture. J'étais plein de courbatures, ma peau était encore sensible. Trop sensible.

L'air frais qui entrait par la fenêtre, s'échouant sur mon corps nu, me piquait la peau.

— Attends, je vais fermer les rideaux, murmura Sözelif.

Son murmure avait été comme un cri dans mes oreilles et je me recroquevillai en gémissant de douleur. Cette action eut pour effet de ranimer les braises de mes muscles souffrant encore et je lâchai toute une série de cris, les larmes aux yeux.

Ma propre voix me fit mal aux oreilles, le frottement des draps sur ma peau me brûlait et ma respiration, qui s'emballait sous la douleur, me fit encore plus souffrir. C'était une réaction en chaîne qui me fit encore plus me rétracter en hurlant, et que j'avais du mal à arrêter.

— Jiël'ir, s'il te plaît, tu n'as rien pour l'apaiser ? Il va devenir fou si ça continue.

— L'onguent que je lui ai appliqué il y a quelques heures fait toujours effet. Et nos fluides agissent encore. Il faut attendre que Nâga et Arún reviennent du lac. Mon énergie seule ne va pas l'aider.

J'entendis Qetzíl souffler doucement de frustration, pas très loin de moi. J'ignorais pourquoi Nâga et Arún étaient partis, mais je savais maintenant que le sentiment de manque venait de là. J'avais besoin qu'ils soient à mes côtés avec les autres.

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