ROSA T°1 [ Terminé ]

2

Je mets mes sous-vêtements et enfile mes talons.

Ça va bientôt être à mon tour d'aller sur scène. Je souffle en essayant de garder mes larmes pour moi. Si Barton me voit pleurer, il me tuera.

Toute ma vie a toujours été gâché par mon père. Tout ça de la faute de ma mère. Quand j'ai réussi à m'échapper, j'ai été à nouveau emprisonnée dans ce lieu immonde.

Je vais jamais avoir le droit d'être libre c'est ça...

- Rosa, c'est à ton tour. Me dit Lars.

Le videur qui s'occupe aussi de nous protéger.

- J'arrive.

Je retire mon collier que je cache sous ma pile de feuille. Il voudra me le prendre s'il le voit.

Je descends et commence à danser. Je me dégoûte. Qu'est-ce qu'il aurait pensé ? S'il me voyait ici, dans cet état. Il aurait honte de moi ?

Mon frère. Il est ma seule famille, je l'ai perdu. Il ne me retrouvera jamais.

Les heures passent comme des jours, j'ai l'impression que c'est interminable.

Pourquoi se permettent-ils de toucher à mon corps sans me demander ?

Ton corps n'est plus à toi, il est à moi.

Il me le répétait en boucle jusqu'à ce que j'arrête de repousser les clients. Ça me donne envie de gerber dès que l'un d'eux posent leurs mains sur moi. Ils me traitent comme... un objet. On nous traite comme des objets, sauf qu'on en n'est pas. On n'est pas des objets à manier quand on veut.

On est des femmes qui demandent à être libre...

Je reçois à nouveau une claque sur le postérieur, mais cette fois-ci il ne s'arrête pas là. Il m'agrippe par le rebord de mon string et me fait m'assoir sur ses genoux. Je cherche Lars du regard, il n'est pas dans les environs.

- Je suis désolée mais ça ne va pas être possible. Je dis en essayant de me lever.

- J'ai de l'argent ma jolie.

Il me tient fermement contre son érection.

J'ai affreusement envie de pleurer.

- Vous n'avez pas le droit de toucher aux employés.

Il me prend par le bras pour me relever.

Enfin.

- C'est strictement interdit.

- Je recommencerais pas. Dit-il en me lançant un regard pervers.

Lars m'amène jusqu'aux loges derrière la scène alors que les larmes dévalent.

- Arrête de pleurer.

- Je suis désolée. Je dis en essuyant mes larmes. Je suis désolée.

- Ce n'est pas grave. Mais si Barton te voit pleurer il te tuera.

- Je sais.

Je respire profondément pour reprendre mon calme.

- Ça-va aller Rosa, tu peux le faire aller. Je sais que c'est compliqué. Mais tu en es capable.

J'hoche la tête.

- Tu es prête à y retourner ?

- Oui, ça va.

- Vas-y.

J'inspire et revient à l'intérieur.

Quelques heures passent encore.

Je n'en peux plus, je sens que je vais vomir donc je cours aux toilettes.

Je sors de la cabine et là je vois Barton.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- J'y retourne.

- Pourquoi tu as refusé un client ?

- Je n'ai jamais signé pour être une pute.

- T'as signé pour rien donc si je te dis de le faire tu le fais.

- Va te faire voir.

Aussitôt mes mots prononcés je me reçois une gifle qui me fait tomber. Je me cogne violemment contre le rebord du lavabo.

- J'en ai plus que marre de toi ! Tu vas dégager d'ici et aller crever autre part ! Je fais pas de la charité moi putain ! Tu dois me rembourser ce que tu me dois !

- C'est mon père qui le doit... pas moi.

Il m'attrape par les cheveux. Un cri m'échappe.

Il m'emmène vers le sous-sol du club, où on n'a jamais le droit d'aller.

Dès que j'y arrive on me bande les yeux et m'attache les mains.

J'essaye de me débattre, mais Barton sera toujours plus fort que moi.

J'entends des enchères.

Il fait du trafic d'humain ?

Non, il ne peut pas me vendre. J'aurais préférée qu'il me jette à la rue.

Il m'enchaîne a une chaise.

Je ne vois rien, ils m'ont bandés les yeux.

- Dix million. Dit la voix d'un homme.

Non... il n'aurait pas osé...

Il ne peut pas me faire ça...

- Cinquante million. En dit un autre.

Les chiffres s'enchaînent. J'essaye de me débattre, mais je suis enchaînée à cette maudite chaise.

- Un milliard.

Un... milliard ?

Dans quelles mains suis-je encore tombée ?

Est-ce que mon enfer s'arrêtera avec cet homme ?

Je ne sais pas. J'ai peur, je suis terrifiée.

Et pourtant, j'ai vécue tellement pire.

Je veux juste que ça s'arrête, je veux que tout ça s'arrête.

Je sens deux mains se poser sur mes épaules alors qu'un bourdonnement viens dans mes oreilles. Je sens que je ne vais pas tenir longtemps longtemps debout.

Le trou noir m'absorbe...