Le commandant Rhadamanthe sourit, les yeux rivés sur la bataille qui faisait rage à la lisière des Terres de Resh.
Six ans qu'il attendait de prendre sa revanche.
Depuis que la reine de Troie avait été forcée de se plier aux exigences de celle d'Athènes. L'économie troyenne ne s'était jamais remise de cette défaite, et après des années de lutte, puis deux ans de famine, leur reine avait totalement abdiqué.
Sa mort était survenue quelques mois après qu'elle ait remis sa couronne à la souveraine athénienne. Les causes de son décès n'avaient jamais été établies. À peine l'enterrement terminé, ses deux oncles avaient déclaré qu'ils contrôlaient à présent la ville.
Leur premier décret avait été d'envoyer une large portion de l'armée de Troie sur les Reshis. Certains s'étonnèrent qu'ils n'attaquent pas Athènes. Mais pas Rhadamanthe. En l'état actuel, il reconnaissait qu'il leur était impossible de remporter une victoire face aux Chevaliers d'Athéna. Sans compter qu'il connaissait l'histoire. Il savait ce qu'il s'était réellement passé.
C'était des Reshis qui s'étaient lancés à l'assaut de la mine pour libérer ceux qui avaient été capturés. Comment avaient-ils fait pour rallier un bataillon athénien à leur cause, personne ne le savait, mais c'était par eux que tout avait commencé.
Si Athènes ne voulait pas plier, soit. Toutes les Terres de Resh leur ouvraient les bras. Elles étaient fertiles et ne demandaient qu'à être conquises et domestiquées. Éradiquer les Reshis et les animaux serait facile.
En arrivant à la frontière, il avait été étonné de découvrir que des sauvages les attendaient. Ils avaient formé une étroite ligne de défense face à eux, l'air farouche, armés de leurs lances et montés sur de puissants destriers qu'il avait immédiatement reconnu. Ces bêtes étaient troyennes.
Ils résistaient vaillamment et se battaient avec courage. Mais ils étaient peu nombreux et ne portaient pas d'armure. Rhadamanthe n'avait envoyé qu'un tiers de son armée pour les repousser. Et c'était suffisant. Avec satisfaction, il voyait ses adversaires tomber les uns après les autres.
Soudain, le son d'un cor retentit. Tous les Reshis encore debout s'extirpèrent du combat et firent demi-tour. Le commandant Rhadamanthe aurait pu s'étonner de voir que ce peuple possédait à présent une armée structurée, mais il ne le fit pas.
— Non ! s'écria-t-il en voyant ses soldats suivre ceux qui fuyaient. Capitaines ! Rappelez vos hommes !
Trop tard. Des silhouettes apparurent à une cinquantaine de mètres, jaillissant des hautes herbes, et des dizaines de flèches cueillirent les téméraires qui leur avaient donné la chasse. Les autres revinrent sur leurs pas et rentrèrent dans les rangs.
Les Reshis se regroupèrent également. Rhadamanthe s'étonna qu'ils ne fuient pas. La moitié d'entre eux gisaient, morts, entre les deux armées. Ils étaient moins d'une centaine à présent. Ils savaient certainement qu'ils allaient mourir jusqu'au dernier, et pourtant ils faisaient face.
D'autres auraient trouvé ça admirable. Mais lui se contenta de dire :
— Abrutis de sauvages.
Puis il fit avancer sa monture. Il tenait à être vu lorsqu'il remporterait cette première victoire.
— Capitaines ! aboya-t-il avec autorité. Préparez vos hommes à la charge. Nous allons les écraser !
Ses ordres étaient à peine relayés qu'il entendit une voix s'écrier, depuis les rangs adverses :
— Boucliers !
D'un seul mouvement parfaitement fluide et coordonné, tous les Reshis s'accroupirent en levant au-dessus d'eux d'étranges choses brillantes. Longues d'un mètre, à peine moins larges et parfaitement incurvées, elles les protégeaient très efficacement. C'était la première fois qu'il voyait des boucliers avec cette forme, toutefois ce n'est pas cela qui retint son attention, mais le matériau avec lequel ils avaient été fabriqués.
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Cœur-de-Tonnerre
FantasyLes Reshis sont une peuplade sauvage vivant en Clans disparates sur tout le territoire des plaines du sud, appelées les Terres de Resh. Ils ont longtemps soufferts de raids violents perpétrés par ceux qu'ils appellent les hommes de fer, avant que ce...