Lorsque le soleil se leva enfin, éclairant d'or les herbes sèches autour d'eux, ils marchaient depuis déjà un petit moment. June fut la première à remarquer l'odeur. Menant la marche, elle s'arrêta tout à coup, se tourna vers eux et leur demanda, le nez froncé dans une grimace absolument adorable :
— Vous sentez ça ?
Les deux hommes reniflèrent mais ne sentirent d'abord rien. Ce n'est qu'en continuant d'avancer qu'Aiolia reconnut cette senteur : c'était celle de la mort. Ils entendirent les mouches bourdonner bien avant de trouver les corps. Seul le nombre d'épées abandonnées leur permit de savoir combien d'hommes de fer avait été dévoré par les lions : deux. L'autre cadavre était celui d'un cheval.
— Je dois reconnaître que ça me fait assez plaisir de voir ça, déclara Ikki d'une voix chantante.
— Je crois qu'on a découvert le buffet de la lionne que tu as croisée hier, dit June à Aiolia en chassant quelques mouches de son visage d'un geste agacé.
— À tous les coups c'est ça que le cheval de cette nuit a réussi à fuir, renchérit Ikki.
— Pas faux, l'appuya son camarade.
— C'est de lui que vous parlez ? leur demanda June en pointant quelque chose du menton.
Ils regardèrent ensemble dans la direction indiquée et découvrirent un impressionnant animal au poitrail musclé et à la tête large qui les fixait sans bouger. Seuls ses flancs s'animaient, se gonflant et se dégonflant en rythme avec sa respiration. Il avait une robe étrange, noire parsemée de très larges taches blanches. La plus grande recouvrait tout son poitrail depuis la base de son cou jusqu'au début de sa patte gauche. Quant à la droite, elle semblait entièrement blanche. Une autre entourait l'un de ses yeux et recouvrait une partie de sa joue et toute son oreille droite. Il se secoua brutalement, sans doute gêné lui aussi par les mouches, dévoilant son autre profil. Une autre tache, beaucoup plus petite, entourait son œil gauche de seulement quelques centimètres en un ovale parfait.
— Il est bizarre, commenta Ikki.
Immédiatement, le cheval plaqua totalement les oreilles en arrière.
— Doucement, il va t'entendre ! le réprimanda vivement June.
— Et quoi ? s'agaça Ikki d'une voix forte. Il va venir me mettre un coup de boule parce que je l'ai insulté ? Ce n'est qu'un animal !
Ledit animal renâcla, bondit et s'éloigna en galopant, ses crins eux aussi noir et blanc, voltigeant derrière lui.
— Crétin ! s'énerva June. Tu lui as fait peur !
— On s'en fout, grommela Ikki tout en s'accroupissant pour fouiller dans une sacoche en cuir souple trempée de sang.
— Il pourrait nous aider ! Et puis on ne va pas le laisser ici alors que c'est bourré de lions dans tous les coins.
— C'est ce que j'ai pensé aussi, l'appuya Aiolia.
— Bon courage à vous deux pour lui mettre la main dessus parce qu'il a l'air très con, s'énerva leur compagnon de route.
Il sortit un coutelas du sac pour l'inspecter mais se figea en plein mouvement. Pointant le sol du doigt, il s'exclama en se redressant :
— Regardez ça !
Les deux autres baissèrent le nez.
La terre, malgré qu'elle soit très sèche, était profondément marquée par des traces étranges. Comme si quelqu'un s'était amusé à tracer deux lignes parallèles. Lorsqu'il comprit, Aiolia s'écria :
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Cœur-de-Tonnerre
FantasyLes Reshis sont une peuplade sauvage vivant en Clans disparates sur tout le territoire des plaines du sud, appelées les Terres de Resh. Ils ont longtemps soufferts de raids violents perpétrés par ceux qu'ils appellent les hommes de fer, avant que ce...