A C T E 1 - Shihoma, nouveau départ

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Le train en provenance de Kiyoshina arrive en gare, bondé de passagers de toutes classes sociales.

Voix dans l'interphone : Terminus, gare de Shihoma.

La voix synthétique de l'interphone fait saturer l'enceinte de ce dernier, mais le jeune homme assis juste en dessous ne l'entend pas. Il garde son casque sur ses oreilles avec le son de sa musique poussé au maximum. Les autres passagers sont pour lui des spectres sans couleur, des âmes sans voix. Il traîne sa valise tel un prisonnier qui traîne un boulet à sa cheville. Sur le quai, les passants vont et viennent sans se soucier de ceux qui les entourent. Le garçon se sent comme noyé au milieu de la mer des âmes mais il essaie malgré tout de se frayer un chemin à travers les masses pour quitter la gare. Les gens le bousculent sans s'excuser, se marchent sur les pieds sans rien dire et forcent le passage à chaque portique dans l'espoir de sortir de la gare avant les autres. Lorsqu'il arrive dans l'escalator, son téléphone portable sonne. C'est un SMS de son oncle.

SMS : Ton train doit être arrivé. Attends moi à côté de l'arrêt de bus, je passe te chercher dans quelques minutes. 

Le jeune homme soupire et range son téléphone dans sa poche. A l'arrêt de bus, il regarde les voitures défiler, les unes après les autres, encore et encore. Rapidement, ces quelques minutes à attendre se transforment en heures, les heures en jours et les jours en décennies.

Le garçon, à lui-même : (Tout est différent depuis qu'ils sont partis...)

***

Une voiture turquoise se gare en face de lui. Son oncle est enfin arrivé - un homme âgé de la quarantaine aux cheveux bruns grisonnants, tout comme sa barbe de trois jours. Sa tenue est composée d'une chemise orange à manches courtes recouverte par un épais manteau de cuir et d'un pantalon habillé gris. Il vient à sa rencontre, tout souriant. Pour la première fois depuis des heures, son neveu enlève son casque.

L'oncle, sur un ton réconfortant : Content de te voir, Haruo. J'espère que ton trajet n'a pas été trop pénible.

Haruo Arisato, 20 ans, commence sa nouvelle vie dans la ville tranquille de Shihoma.

L'oncle : Laisse moi prendre tes bagages. Tu dois en avoir marre de les trimballer, pas vrai ?

Haruo approuve d'un mouvement de tête alors que son oncle charge la valise dans le coffre de sa voiture. Ils se mettent en route immédiatement après, de sorte à éviter les bouchons aux heures de pointe. Assis sur le siège passager, Haruo regarde le paysage défiler à travers la vitre. Des flashs traversent son esprit : des débris, le bruit des sirènes de la police et de l'ambulance, l'odeur de la poussière et des flammes. Le silence qui s'ensuit est aussi assourdissant que la cacophonie causée par la pagaille de l'incident. Le conducteur ouvre la fenêtre de son côté et jette un œil sur la route devant et derrière lui.

L'oncle, stupéfait : Eh bien, ça n'avance pas aujourd'hui.

Il tourne la tête vers Haruo.

L'oncle, inquiet : Au fait... Je suis désolé si c'est un peu tôt, mais... Comment tu te sens ?

Haruo, dans la lune : Je n'en sais rien... Tout le monde me pose la question, et jamais je n'arrive à répondre. C'est comme si je n'étais plus moi-même. Comme si je n'étais pas Haruo.

L'oncle, en soupirant : Qui aurait pu prévoir une telle tragédie ? Je n'ose même pas imaginer l'enfer que tu as vécu à Kiyoshina... Entre les psys, la police et les médecins.

S O U L S T R U C T U R EOù les histoires vivent. Découvrez maintenant