S O U L S T R U C T U R E

A C T E 12 - Asélgéïa

Un flash de lumière précède le retour d'Haruo dans le monde des vivants. Il se tient debout au milieu de la salle à manger, les couverts étalés par terre et les assiettes brisées aux pieds de la table. Tout est au même endroit qu'à son départ. La musique dans casque reprend de plus belle alors que la lumière clignote vivement. La voix du Monarque émerge depuis les tréfonds de son esprit.

"Pseudomonarchia" : Le rebelle nous a devancés...

Haruo retire son casque en soupirant.

Haruo, fatigué : Qu'est-ce que j'y peux ?

"Pseudomonarchia" : Rien, il est vrai. Son Nexus est plus puissant que la dernière fois... Il ne sera pas un adversaire facile.

Haruo l'ignore et commence à rassembler les couverts. Sa défaite est amère, et les mots prononcés par l'ancien apôtre se confondent avec ceux de Pseudomonarchia : un cycle éternel, un monde maudit, le lien entre les Pygmées et les Monarques... Deux versions différentes défendues par deux parties opposées. Le jeune homme regarde son reflet distordu dans une cuillère à soupe et dit au Monarque :

Haruo, curieux : Il a parlé de cycles, tous voués à se répéter... Qu'est-ce que c'est exactement ?

Le Monarque met quelques secondes à répondre.

"Pseudomonarchia" : Tout n'est que cycles, Haruo Arisato... Nous créons les mondes, puis ils prennent fin, et ce ad vitam aeternam. Nombreux sont les Monarques qui régissent leurs propres mondes... On dirait que Tyrant souhaite empêcher ce monde prendre fin, mais il est aveuglé par sa colère et ses ambitions.

Haruo, perplexe : Pourquoi est-ce que notre monde devrait disparaître ? Je ne comprend pas.

"Pseudomonarchia" : Tout finit par disparaître... Les Humains comme les mondes. Ton monde est mis à feu et à sang par les péchés de tes pairs, et le seul moyen d'empêcher cette fin funeste est de détruire tous les Pygmées - l'origine de tous les péchés.

Haruo perd patience et frappe du poing sur le plan de travail, lassé par les réponses vagues et insuffisantes du Monarque.

Haruo, en haussant le ton : Assez ! Je vous demande de répondre à mes questions ! Arrêtez de tourner autour du pot et de me balancer des informations et faits que vous répétez en boucle depuis le premier jour.

Stupéfait, Pseudomonarchia se tait.

"Pseudomonarchia", en soupirant : Je vais de surprise en surprise on dirait... Très bien, je vais te dévoiler tout ce que tu as besoin de savoir sur ce monde, sur l'entité Divine que je suis. Es-tu prêt pour ce voyage au-delà de la compréhension humaine ?

En l'espace d'une fraction de seconde, le monde autour d'Haruo se fracture en une multitude de fragments de verre. Le temps défile à reculons : plusieurs siècles passent jusqu'à revenir à l'origine même des mondes. Un néant froid et incolore. Une douleur vive transperce les yeux d'Haruo, son subconscient et sa psyché ne peuvent pas supporter une telle vue. Sa voix n'arrive pas à traverser les couches infinies de vide qui l'entourent.

"Pseudomonarchia" : Voici le commencement de tout. Ce que vos savants appellent le Big Bang s'avère être en réalité les premières fondations posées par Dieu en personne... Au premier jour, il dissocia la lumière des ténèbres. Au second jour, il sépara les eaux du haut de celles du bas. Au troisième, il repoussa les eaux pour faire apparaître de la terre sèche. Au quatrième jour, il créa le soleil et la lune - le soleil pour le jour et la lune et ses étoiles pour la nuit. Au cinquième, il donna la vie aux créatures aquatiques et aux oiseaux... Au sixième, Dieu créa les animaux terrestres ainsi que l'Homme et la Femme... Ce n'est qu'au septième et dernier jour qu'il trouva le repos.