S O U L S T R U C T U R E

A C T E 9 - Crime & Châtiment

Le soleil tape sur le stade de Shihoma. La classe 2C est en plein cours de Sport. Tous portent le même jogging orange - facilement confondable avec les tenues de prison clichées que l'on peut voir à la télévision... Les élèves font plusieurs fois le tour du stade en courant, baignés de sueur et épuisés par le zénith au-dessus de leurs têtes. A l'exception d'un élève en particulier : "le nouveau". Plusieurs semaines se sont écoulées depuis sa première excursion dans les Limbes, mais ses aptitudes restent les mêmes dans le monde des vivants. Un simple exercice de course de fond est infiniment plus facile que de combattre un déchu. La professeure siffle, ce qui marque la fin du temps imparti. La classe reprend son souffle en suivant les instructions données par la professeure en début de séance. Haruo, quant à lui, ne suit aucunement ses conseils. Il s'adosse contre le grillage et attend silencieusement, loin de ses camarades de classe.

Mme. Chiba, au loin : Tu fais du bon boulot, Arisato ! Mais ne va pas tout gâcher en ne faisant pas tes étirements ; au travail !

Haruo soupire, puis s'exécute. Pendant ce temps, les autres élèves de la 2C font les commères : ils parlent des dernières infos diffusées au journal de 20h et d'autres banalités ; les histoires d'amour insipides des élèves populaires du lycée, des commentaires désobligeants sur les professeurs et surveillants, etc... Quand il rebrousse chemin pour rejoindre les vestiaires, Haruo surprend une étrange conversation entre un groupe d'autres garçons de sa classe.

Garçon extraverti : Yo, vous saviez que mon père a encore arrêté des types louches la nuit dernière ?

Garçon bourru : C'est pas ce que font tous les flics, normalement ?

Garçon extraverti : Mais laisse-moi terminer ! Y avait un groupe de dealers qui squattaient dans un vieux lotissement, aux abords de la ville, et hier il y a une patrouille qui a entendu des coups de feu...

Garçon au petit gabarit : Genre, il y avait des affaires de gangs ? Ou de Yakuzas ?

Garçon extraverti : Mieux ! Un des mecs a survécu à la fusillade... Et il a raconté aux flics que ses potes avaient été massacrés par un démon !

Haruo écarquille les yeux alors que le groupe prend un fou rire.

Garçon bourru : J'sais pas ce qu'ils prenaient mais j'en veux aussi !

Garçon extraverti : Attendez c'est pas tout. Son témoignage dit qu'ils ont "déchargé tout ce qu'ils avaient sur l'agresseur et qu'il s'en serait sorti indemne".

Ils continuent de rire bruyamment sans se soucier des réflexions et regards de leurs camarades de classe. Quand Haruo entend toutes ces choses, il revoit le déchu aux miroirs. Un démon qui ne craint pas les blessures... Il s'éloigne d'eux avant qu'ils ne lui posent des questions et va se changer dans les vestiaires. Après le cours de Sport, Haruo quitte le lycée le temps de la pause déjeuner. Au lieu d'aller manger quelque part, comme le font tous les lycéens de son âge, il s'assied sur un muret, seul avec son casque sur ses oreilles. Après une chanson et demie, quelqu'un prend place à côté de lui sans dire un mot. Haruo relève la tête, intrigué : ce n'est autre que Miyuki. Il enlève son casque, l'air surpris.

Miyuki, en souriant : Qu'est-ce que tu fais ici tout seul ?

Haruo, maussade : Rien de particulier... Comme tu peux le constater.

Miyuki regarde l'heure sur son téléphone.

Miyuki, curieuse : T'as déjà déjeuné ?

Haruo : Non. Pourquoi ?