S O U L S T R U C T U R E

A C T E 14 - L'Abîme

200 ans auparavant...

"Pseudomonarchia" : Je t'ai offert la clé qui ouvre les portes de la vérité, Ryô Ushiroku... Tu connais maintenant l'histoire de ce monde. Maintenant, tu n'as plus d'autre choix que de mettre fin à la corruption des Pygmées.

Ryô Ushiroku est le dernier des apôtres de Pseudomonarchia. Celui qui porte le fardeau de la connaissance du destin du monde, condamné aux ténèbres. Les visions disparaissent dans un silence de cimetière alors que l'apôtre s'appuie sur le mur à côté de lui pour ne pas s'effondrer. Une pluie battante tombe sur la ville campagnarde. Les passants courent se mettre à l'abri dans dans leurs demeures sans même faire attention au pré-trentenaire.

Ryô, abattu : Vous ne pouvez pas être sérieux ! Tous mes camarades sont morts... Qu'est-ce que je suis supposé faire ? Affronter les Pygmées par moi-même !?

"Pseudomonarchia", froidement : Nexu qui se obligavit... Tu as signé un contrat. J'attends de toi que tu l'honore.

Ryô écarquille les yeux. Le Monarque ordonne qu'il se charge d'éradiquer les Pygmées et leur influence néfaste sans aucune aide. Seul. En somme : il l'envoie à la mort sans aucune forme de considération ou de remords. Le sacrifice de ses frères et sœurs d'armes devient alors complètement inutile.

"Pseudomonarchia" : Ton Nexus est puissant, Tyrant. Les autres apôtres sont morts car ils étaient faibles. Rien de plus. Tant que tu es à mon service, tu ne peux mourir... Tu peux devenir l'égide du monde, le gardien de l'équilibre entre les plans - le monde mortel, le Paradis et l'Enfer.

Ryô, effaré : Je ne peux pas... Et même si je le voulais, il me faudrait des années d'entraînement et de réincarnation pour atteindre la même puissance que les Pygmées ! J'ai déjà perdu ma vie, mon passé et mon avenir à cause de vous. Je suis mort à la toute fin de mon service militaire, tout ça pour finir entre vos griffes... Je n'ai pas eu l'occasion de tomber amoureux ou de me marier, je n'aurais jamais rendu mes parents fiers de moi et je ne peux plus combattre pour ma patrie. Qu'est-ce qu'il me reste à sacrifier pour vous, hein ? Rien !

Il tourne les talons et quitte son village en ignorant les mises en gardes du Monarque : toute violation des termes et clauses du contrat est sévèrement réprimandée. Quelque chose change en lui : sa perception du monde, ses sens et même son Nexus. Pendant sa fuite, Ryô sent une étrange pression sur son être tout entier - comme une proie prise dans les serres d'un rapace. Une douleur vive et cinglante frappe son lobe frontal alors que la voix du Monarque résonne à nouveau dans les bois obscurs.

"Pseudomonarchia" : Très bien... Puisque tu souhaites tant retrouver ton monde tel qu'il fût par le passé, laisse-moi te rendre ta place parmi les pécheurs. Paies pour ton manque de lucidité. Porte seul le fardeau de la faiblesse et de ta lâcheté. Ce monde qui te hais n'a pas besoin de toi, et il se chargera de te le prouver par lui-même...

L'espace d'un instant, Ryô a l'impression d'être écrasé par le poids de l'univers. Ses jambes ne supportent plus son poids. Il perd l'équilibre et dévale une pente qui mène tout droit vers une flaque d'eau vaseuse. Plaqué au sol par une force titanesque, Ryô essaie de se relever, mais en vain. Il lutte de toutes ses forces et parvient à fuir, terrifié par le destin qui l'attend. L'apôtre court pendant des heures sans regarder derrière lui, et à chacun de ses pas, il se convainc lui-même qu'il s'éloigne de l'influence de Pseudomonarchia. Il ignore les migraines, la douleur dans ses jambes et à la plante de ses pieds ainsi que les points de côté, mais le manque de sommeil finit fatalement par le rattraper. Sans toit, sans eau ni nourriture, Ryô se cache au cœur de la forêt en espérant que le Monarque ne l'emmène pas dans les Limbes pendant son sommeil. Le temps passe, et Ryô finit par s'endormir. Perdu dans ses propres cauchemars et transit de froid, le fugitif est hanté par les visions du destin de l'univers... Un savoir interdit, millénaire, transmis par les Monarques. Il se réveille en sursaut, couvert d'eau de pluie et de sueur. Ses vêtements sentent encore la vase et la boue. Paniqué, il regarde autour de lui à la recherche de possibles déchus ou autres créatures infernales.