S O U L S T R U C T U R E

A C T E 7 - Ordalie/Issue

L'âme humaine est perpétuellement dans les Limbes. Elle erre dans cette prison vague et floue, en attente de celui qui doit lui apporter le salut. Peut-être est-ce parce les Humains veulent trop de choses à la fois mais aucune avec la passion nécessaire. Le Péché Originel, la dégradation de l'humanité depuis la chute du Jardin d'Eden, est l'acte qui pave la voie des sept péchés capitaux : orgueil, avarice, luxure, envie, gourmandise, colère et paresse. La nature humaine est, intrinsèquement, totalement corrompue... Mordre le fruit défendu de l'Arbre de la connaissance du Bien et du Mal est la cause de la condition humaine. Le fardeau de la honte, de la peur, de la fragilité provient de l'Arbre maudit qui pousse au milieu du Jardin d'Eden. Un châtiment pire que la mort. Ainsi, les Humains ne cessent de pécher et s'éloignent de la Foi - et des Monarques - un peu plus chaque jour qui passe. Aujourd'hui encore, de la même façon qu'Adam et Eve, les mortels se laissent tenter par le Serpent, ignorant les conséquences de leurs actes et le châtiment réservé par les Monarques. L'Humain n'est que le fils d'Adam : il reproduit les erreurs du père, pensant faire mieux que ce dernier. Assis sur son trône solitaire, le Monarque contemple les masses et se demande lequel des fils de l'Homme sera capable d'apporter le salut à l'Humanité toute entière...

***

Le jour fait place à la nuit. Haruo et Miyuki attendent tous les deux, assis sur le lit de la jeune femme. Sa chambre, décorée de goodies de jeux vidéo et dessins animés divers, reflète les dernières traces de son innocence. Ils attendent l'appel, la convocation, de Pseudomonarchia. De son côté, dans l'appartement de sa famille, Valia patiente, elle aussi. Ses yeux sont rivés sur l'horizon qui s'assombrit au fur et à mesure. Les trois jeunes gens partagent la même peur, les mêmes inquiétudes, liés par un lien invisible. Aucun des parents n'est au courant de l'ordalie qui les attend, au-delà de la vie et de la mort. Dans le silence et l'expectative, Miyuki tourne la tête vers son cousin : son air stoïque cache toutes ses émotions. Elle pose alors sa main sur la sienne en témoignage de soutien. Le son de la cloche de l'église de Shihoma raisonne au loin. Ce fait inhabituel ne semble pas affecter la population, mais les cousins, eux, comprennent que le moment est venu. En l'espace d'un clignement d'yeux, ils se retrouvent à nouveau dans un lieu totalement inconnu, accompagnés par le retentissement de la cloche. Debout dans les Limbes, ils scrutent attentivement leurs alentours : un parc d'attraction abandonné, dépourvu de visiteurs et de personnel. Les manèges et stands sont délabrés, presque calcinés par un incendie d'origine inconnue. Quant au ciel, il reste opaque et vide d'étoiles, de soleil ou de lune. Valia se trouve en face d'eux. Elle affiche un air perplexe alors que Miyuki la rejoint précipitamment.

Miyuki, rassurée : Te voilà ! J'ai eu peur que l'autre piaf t'envoie dans un autre endroit...

Valia, en ricanant : Ca lui ressemblerait bien.

De son côté, Haruo fouille ses poches et tâte sa ceinture.

Valia, intriguée : Quelque chose ne va pas, Haruo ?

Haruo : J'avais une épée la dernière fois... Et il n'y a pas moyen de remettre la main dessus.

Miyuki, pensive : Tu l'aurais pas laissée dans la zone précédente ? Tu sais... Celle que t'as figé dans la glace.

Haruo, embarrassé : Ca se tient...

Le vent sinistre porte aux oreilles des trois jeunes des voix d'enfants, perdus quelque part dans les Limbes, ainsi que le son d'un battement d'ailes. Pseudomonarchia apparaît derrière Haruo. Ses deux paires d'ailes enveloppent sa silhouette lugubre et forment la robe noire qu'il arbore en tout temps.