A C T E 2 - Memento Mori

15 0 0
                                    


Shihoma est une ville de près d'un million d'habitants. Tous se lèvent chaque matin pour reprendre  le cours de leur vie monotone - qui se résume par "métro, boulot, dodo". Chaque tâche banale se répète en boucle jusqu'à ce que sonne l'heure tant attendue de la retraite... Les ouvriers vont à l'usine, les employés de supermarché prennent place aux caisses et affichent un sourire des plus faux et les élèves, quant à eux, restent assis en classe pour se construire un avenir un peu moins pénible que celui de leurs prédécesseurs. Assis dans la voiture de son oncle, Haruo sirote silencieusement du café dans un thermos. Le matin même, les deux se sont mis d'accord pour prendre contact avec le lycée du centre-ville.

Le lycée public "Kyushu" est connu pour les bons résultats de ses élèves et pour son ancienneté. Haruo est habitué à l'ambiance des lycées publics : bruyants, désordonnés et régis par la loi de la jungle - les élèves populaires s'entourent d'admirateurs et marchent sur les élèves solitaires et impopulaires. La voiture s'arrête sur le parking le plus proche alors que le regard d'Haruo reste braqué sur la grande grille du lycée.

Haruo, maussade : (Je n'ai plus qu'à espérer que ça se passera mieux que dans mon ancien lycée...)

L'oncle, perplexe : Quelque chose ne va pas ?

Haruo : Je repensais seulement à mes derniers moments au lycée, avant de ne plus y aller.

L'oncle, en souriant : J'imagine que ça n'a pas dû être simple pour toi, mais ne te met pas martel en tête : tout devrait bien se passer. Ta cousine est inscrite ici depuis son entée au lycée et elle n'a jamais eu de problème.

Haruo, en haussant les épaules : Si tu le dis, je te crois.

Ils entrent dans l'enceinte du bâtiment et se dirigent vers le bureau du secrétariat. Les élèves dans les couloirs sont calmes et ne font pas attention aux deux inconnus. Certains chuchotent, cachés dans l'ombre de leurs casiers. La porte du secrétariat indique un nom : un certain Monsieur Sōma. Sōma est un homme à l'air rachitique et au crâne dégarni. Ses lunettes rondes témoignent des ravages de l'âge sur son acuité visuelle. Il serre la main de ses deux invités et leur propose de s'asseoir.

M. Sōma, en feuilletant un dossier : Alors... Haruo Arisato, vingt ans, vous étiez en préparation pour entrer en études supérieures avant de changer de ville pour problèmes familiaux. Ce sont de bons résultats que vous avez là.

Haruo se tait et détourne le regard.

L'oncle : Le proviseur a dit que ses résultats étaient assez hauts pour s'inscrire dans les grandes écoles des villes voisines... Mais tout ce stress ne l'aidera pas à aller mieux.

M. Sōma : Vous avez raison. Mieux vaut qu'il s'accoutume à Shihoma pour l'instant. Et puis, vous avez déjà inscrit votre fille dans notre établissement, je suis sûr que Haruo sera ravi d'avoir de la famille avec qui passer le temps à l'école.

Les deux hommes tournent la tête vers le lycéen. Haruo soupire et s'enfonce un peu plus dans le fond de sa chaise inconfortable. Malgré sa réaction réticente, il sait que son oncle fait ce qu'il y a de mieux pour lui.

Haruo, hésitant : Quand est-ce qu'on commence ?

M. Sōma, enjoué : Pourquoi pas dès Lundi prochain ? Nous pouvons t'inscrire dans la classe 2C ; une classe de vingt-quatre élèves plutôt calme. J'aimerai, si possible, t'éviter de subir le calvaire qu'est la classe 5C...

Haruo, en haussant les épaules : Ca fera l'affaire.

L'oncle : C'est super ! On trinquera à ça tout à l'heure.

S O U L S T R U C T U R EOù les histoires vivent. Découvrez maintenant