Les portes consacrées de l'église de Shihoma sont fermées. Elles existent encore dans cet espace clos, mais en dehors de ces murs, la maison de Dieu n'est plus qu'un souvenir. Inconsciente de ce qu'il se passe dans les Limbes, Miyuki continue de s'acharner sur la porte. La jeune femme essaie d'ouvrir les portes, mais elles sont comme figées dans le temps et l'espace.
Miyuki, agacée : Qu'est-ce qu'il fout ? Il a dit qu'il allait nous rejoindre...
De retour de son excursion, Valia retrouve sa petite-amie assise dos à la porte, le visage caché dans ses genoux. Elle prend place à côté d'elle et reste silencieuse un instant en contemplant l'étrange décor autour d'elles : un monde déchiré et incolore. D'innombrables morceaux de verre planent dans cet endroit mystique. Aucun d'entre eux ne reflète de lumière et rien ne semble se mettre au travers de leur route. Le sol opaque n'a ni texture ni relief ; ce n'est rien de plus qu'un aplat de couleur sombre. Un peu plus loin, Valia remarque un trône vide fait de pierre couverte de gravures incompréhensibles. Son attention se porte vers Miyuki.
Valia, sur un ton réconfortant : Haruo finira par revenir.
Miyuki, renfrognée : Il a intérêt.
Elles se taisent pendant un court moment.
Miyuki : Alors c'est ça le fameux "lieu sûr" dont parlait Haruo... Ce trou paumé ?
Valia, incertaine : On dirait bien, mais ce n'est pas du tout ce que je m'imaginais.
Miyuki : Tu t'attendais à quoi ?
Valia, embarrassée : Eh bien... A quelque chose de plus rassurant. Une grande plaine par exemple ?
Miyuki secoue la tête en ricanant. Le bruit d'un battement d'ailes provenant de l'autre bout de la zone coupe leur conversation. De ce qui semble être un ciel ou un plafond complétement opaque descend une créature des plus fantasques : son corps humanoïde, plus proche d'une silhouette que d'un corps physique, est doté de deux paires d'ailes plumées qui, une fois repliées, forment une sorte de robe noire comme la nuit. Ses mains similaires à des pattes d'oiseau ont des serres au bout des doigts, contrairement à ses jambes et ses pieds qui sont identiques à ceux des Humains. Le détail le plus étrange chez cet être n'est autre que sa tête, qui s'avère être un crâne de hibou au bec prédateur et dont les yeux sont absents. Seules deux cavités remplacent ses yeux. Des trous noirs vides de toute vie et qui percent l'essence même de ceux sur qui ils se posent. La chose s'assoit sur le trône et fixe les deux jeunes femmes.
Chose ? : Approchez... Vous êtes en sécurité, ici, dans mon sanctuaire.
Miyuki et Valia échangent des regards inquiets mais s'avancent quand même. Plus elles s'approchent de la créature, plus leurs corps se font lourds.
Chose ? : Vous devez avoir beaucoup de questions... Alors n'hésitez pas. Je ferai de mon mieux pour vous répondre le plus clairement possible.
Miyuki, impatiente : Dites-moi où est Haruo !
Chose ? : Welt est toujours dans les Limbes. Le pouvoir de son Nexus réduit à néant les péchés des âmes de Shihoma...
Miyuki : Welt ? Le Nexus ? Qu'est-ce que vous racontez à la fin ?
La lycéenne essaie de s'approcher de leur hôte, mais Valia la retient à nouveau.
Valia, calmement : Arrêtes, ça ne sert à rien de s'énerver.
Elle tourne la tête vers l'étrange être qui se tient devant elles.
Valia : Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu'il se passe ? S'il vous plaît ?
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S O U L S T R U C T U R E
General FictionHaruo Arisato, 20 ans, vient de perdre ses parents dans un terrible accident. Il emménage chez son oncle et commence une nouvelle vie... Mais à quel prix ? Son ordalie commence dans cette ville à l'air tranquille, alternant entre les Limbes de ce mo...