Chapitre 13

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Mercredi 2 septembre 2015

J'hésite entre exploser de rire et pleurer.

Certes, je suis loin d'être à l'agonie, mais pour la honte que je viens de me taper, les larmes seraient de circonstance.

Des rires forment des échos autour de moi, quelques « ça va ? » tracent leur chemin jusqu'à mes oreilles et deux mains se bousculent pour m'aider à me relever. Au sol, baignée dans ma honte, je m'octroie une pause. Moi, seule, face au béton. Je n'ai pas envie de révéler la tête, pas envie de faire face à tous ces gens. Je déteste être le centre de l'attention et là, je sais qu'une bonne vingtaine d'élèves ont les yeux rivés sur moi.

Un picotement s'éveille au niveau de mon genoux. Je crois que mon jean est foutu. Ça m'énerve, c'était mon préféré.

Alors que je résume dans ma tête la marche à suivre pour mon retour à la surface, une main se pose sur mon épaule. Chaude, elle en occupe toute la surface. Ça ne peut pas être Valentine, ni Rose puisqu'elle vient de s'accroupir devant moi.

—Ça va ?

Mattéo.

Mon ventre se tord et je me retourne. Inquiétude et envie de rire partagent ses traits. Pour le rassurer, je hoche la tête.

—Ouais, ça m'apprendra à pas regarder devant moi quand je marche.

—Tu t'es pas fait mal ?

—Moi, ça va, mon pantalon un peu moins mais bon, c'est pas grave.

Quand il me tend sa main, je remarque que celles de Valentine et de Rose se sont rétractées. Punaise, elles sont vraiment professionnelles en la matière.

Rapidement, je frotte mes mains pour me débarrasser des cailloux et les essuie sur mon jean pour enlever l'excès de transpiration. Puis, je laisse Mattéo me remettre sur pieds.

—Merci.

Les élèves ont quasiment tous déserté le parvis du lycée. L'attraction causée par ma chute s'est vite estompée. Ouf. Il ne reste plus que notre petit groupe : Valentine, Rose, Samuel, Mattéo et moi.

—Allez les jeunes, dépêchez-vous, nous hèle un des surveillants posté près des portes.

Et ensemble, nous entrons dans l'enceinte du lycée.

***

Aujourd'hui, en vie de classe, notre professeur principal a décidé de nous faire un topo sur les attentes de cette année de première. Avec un ton grave, il nous explique que cette année est décisive, qu'elle n'a rien à voir avec la seconde.

—La seconde, considérez ça comme un échauffement. La première, c'est un niveau au-dessus. Fini de rigoler. C'est une année pivot, gardez bien ça en tête. Si en seconde, vous faisiez encore un peu ce que vous vouliez, si vous flâniez etc., ne pensez pas que vous pourrez continuer ça cette année.

Sa façon de parler comme si on était face à un scénario catastrophe est risible. On dirait qu'on joue notre vie. L'envie de rouler des yeux et de soupirer me démange mais je me retiens.

En plus, à quelques mots près, je me souviens que le même discours nous avait été tenu à la rentrée de seconde. La classe de comparaison était la troisième mais en somme, c'était la même chose. J'avoue avoir été terrifiée par ce discours. J'ai passé les premières semaines de cours à réviser comme une folle, à recopier mes cours et à faire mes devoirs avec une assiduité impressionnante. Passé la mi-octobre, j'ai tout lâché et, étonnamment, tout s'est très bien passé.

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