Loin de tous (Les Animaux Fantastiques)

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- Alors, tu veux lui offrir quoi ? demanda Leta tout en examinant un étalage de sucettes aux goûts les plus étranges les uns que les autres.

- Je ne sais pas... je ne la connais pas, moi, soupira Norbert.

C'était samedi et ils étaient à Pré-au-lard pour la sortie du mois de décembre. Leta avait accompagné Norbert chez Honeydukes afin qu'il achète un cadeau pour Eniris, ce dont il se serait bien passé. Heureusement pour lui, les donneurs étaient censés rester secrets ; il n'osais pas imaginer la tête de la Poufsouffle s'il le lui avait offert en mains propres.

- On ira faire un tour chez Zonko, après ? Je pense que des farces et attrapes, c'est parfait pour Gale.

Norbert se crispa. Depuis quand l'appelait-elle par son prénom ?
Il s'efforça de garder un air neutre ; après tout, qu'est-ce qu'il en avait à faire de ce garçon ? Rien du tout. Tout ce qui touchait de près ou de loin à la "popularité" lui semblait très ennuyeux.

- Je pense que je vais prendre une maxi-boîte de Dragées surprise de Bertie Crochue pour Flaymert, finit-il par dire. Et pourquoi pas... des plumes au sucre.

Ils passèrent à la caisse puis sortirent dans le froid de l'hiver. Des flocons avaient commencé à tomber depuis qu'ils étaient entrés dans le magasin. Le village était magnifique à l'approche de Noël ; les décorations aux fenêtres, la magie dans les vitrines, la couche de neige sur les toits...

Zonko était bondé. Avec tous les élèves qui devaient trouver un cadeau en une semaine, il n'y avait pas un mètre carré de libre. Les deux amis parvinrent à grand peine à se frayer un chemin jusqu'au rayon le plus proche.

Leta mis un certain temps à trouver quelque chose qui lui convenait. Apparemment, elle mettait beaucoup plus de soin dans son cadeau que Norbert pour Eniris. Ce qui était assez compréhensible ; les quatre amies Poufsouffle étaient devenues plus qu'insupportables depuis la dernière pleine lune. Elles semblaient voir Norbert en héros, passant outre la rumeur selon laquelle il était un tueur de licornes, et ne perdaient pas une occasion de s'asseoir à côté de lui et de lui parler. L'envie de les envoyer balader était de plus en plus grande à chaque fois.

- C'est bon ? Tu as trouvé ? l'interrogea Norbert lorsqu'elle se redressa enfin, le sourire aux lèvres, une quantité plutôt importante d'objets dans les bras.
Tu comptes vraiment lui offrir tout ça ?

- Oui, j'en ai peut-être un peu trop fait, dit-elle en reposant un frisbee à dents de serpents. Surtout que ça, c'est interdit dans l'enceinte de Poudlard et je n'ai pas envie qu'il ait une retenue à cause de moi.

Les deux amis sortirent sans un mot, puis se rendirent aux Trois Balais pour se réchauffer un peu. Le pub, sans surprise, était plein à craquer, et ils attendirent dix minutes avant qu'une table se libère enfin.

- Je vais aller commander, dit Leta. Je sais bien que tu n'aimes pas ça.
Ils échangèrent un sourire et elle le laissa seul.

Celui-ci en profita pour regarder les gens autour de lui. Ayant toujours eu beaucoup de mal avec les contacts humains, le Poufsouffle avait pris l'habitude d'observer les autres quand il était en compagnie d'un grand nombre de personnes. Le but était sans doute de mieux les comprendre, mais le résultat était parfois contradictoire ; il en ressortait souvent encore plus déconcerté.

À la table voisine, un groupe d'élèves de sixième année parlaient du prochain match de Quidditch avec animation. De l'autre côté, deux Serdaigles de troisième année se montraient leurs achats. Au fond de la salle, près du sapin de Noël, les Professeurs Lorenz et Klens discutaient gaiement tandis que Dumbledore les écoutait tout en buvant un chocolat chaud. Un peu plus loin, trois vieilles sorcières scrutaient la foule bruyante d'un œil mauvais.

- Et voilà ! s'exclama Leta en posant deux Bièraubeurres sur la table.

Elle s'assit en face de lui et commença à boire, l'air absent. Un certain malaise s'installa en Norbert. Décidément, ces Secrets Santa ne lui plaisaient pas. Aucun des deux ne parla jusqu'à ce qu'ils sortent.
Au moment de prendre le chemin du château, un éclair transperça le Poufsouffle. Il avait complètement oublié que... le 22 décembre, ce serait l'anniversaire de Leta !

Il inventa une excuse peu crédible, une histoire d'un accessoire quelconque oublié aux Trois Balais, et pressa son amie de rentrer sans lui.

Il se mit à courir dans le village ; il n'avait plus qu'une demie heure avant que le soleil ne se couche et que tous les élèves doivent rentrer au château.

Il n'avait aucune idée de quoi lui offrir. Finalement, une boutique de bijoux attira son attention, et il décida d'y entrer.

Lorsqu'il poussa la porte, il fut surpris de constater qu'il faisait encore plus froid dedans que dehors. Un vague odeur de renfermé emplissait la pièce, et celle-ci était tellement vide et calme que Norbert se demanda s'il avait le droit d'être là.
Une grande sorcière à l'air un peu fou, avec de longs cheveux argentés tombant en cascade sur sa cape magenta, sortit de ce qu'il semblait être la réserve, visiblement surprise d'avoir un client.

- Bonjour. Puis-je vous aider ? demanda-t-elle d'une voix étonnamment grave.

- Bonjour, répondit maladroitement le jeune sorcier. Euh... je cherche un cadeau pour une amie.

La sorcière le transperça de son regard sombre, puis se dirigea vers une étagère à sa droite.

- Une envie particulière ? Un bracelet ? Un collier ? Des boucles d'oreilles ?

- Euh...

- Venez voir ce qu'il y a, je ne connais pas votre amie, moi, le pressa-t-elle, agacée.

Norbert s'avança et scruta les bijoux brillants, bien rangés dans les étagères. Aucun ne correspondait à la Serpentard. Trop surfait.

Il commençait à imaginer un moyen poli pour partir, quand il aperçut, tout au fond et moins bien mis en valeur que les autres, un collier plutôt simple, mais absolument magnifique.
La chaîne était très fine et argentée, et elle arborait un corbeau noir prenant son envol, avec un minuscul diamant en guise d'œil. Il était parfait, d'autant plus que le corbeau avait une place particulière dans la famille de Leta, et dans le début de leur amitié à tous les deux.
Le prix plutôt élevé, (20 gallions et 5 mornilles), ne le découragea pas et il l'acheta sans hésiter. Il savait qu'il ne trouverait rien de mieux. Et il avait hâte de le lui offrir.