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Norbert était assis devant une fenêtre de la bibliothèque, observant d'un air absent les flocons de neige voleter au dehors.
Cela faisait une bonne demi-heure qu'il était assis ici, le front contre la vitre, sans remarquer les autres élèves qui lui jetaient de temps à autre des coups d'œil curieux, surpris devant sa totale immobilité. Il attendait Leta, à qui il avait donné rendez-vous à cet endroit, mais celle-ci avait du retard. Alors il réfléchissait.

Avec tout ce qui s'était passé ces dernières semaines, il n'avait plus vraiment pensé aux licornes et au danger qui planait au-dessus d'elles. Et il s'en sentait vraiment coupable. Comment avait-il pu les laisser tomber pour une histoire aussi futile qu'un secret Santa ? Et puis, il y avait eu l'anniversaire de Leta, et enfin Noël, avec son accident. Et maintenant, la pleine lune aurait lieu ce vendredi, donc dans trois jours, et il n'était pas plus avancé qu'un mois plus tôt. Il avait bien tenté d'espionner une conversation entre les professeurs Lorenz et Dumbledore, mais celle-ci n'avait porté que sur le meilleur moyen de faire disparaître les furoncles. Quant à Nigellus, il ne comptait pas sur lui pour avoir avancé. Ils étaient définitivement seuls, avec Leta, sans aucun moyen d'aboutir à cette enquête.

Enfin, si...

Il y avait bien un moyen, mais c'était une très, très mauvaise idée. Rien que d'y penser, son cœur s'emballait, et un terrible malaise s'emparait de lui.

Alors que son esprit commençait à divaguer, remarquant que le bleu roi du ciel en ce début de soirée d'hiver avait exactement la même teinte que les yeux d'un vieil hypogriffe dont s'occupaient ses parents autrefois, il sentit une main se poser sur son épaule.

Il sursauta comme jamais encore il n'avait sursauté en poussant un glapissement plutôt embarrassant.

Leta éclata de rire, un rire vrai et mélodique qui réchauffa immédiatement le cœur du Poufsouffle.

- Si tu avais vu ta tête ! J'ai cru que tu allais avoir une attaque ! s'exclama Leta entre deux rires. Ce n'était pas mon but de te faire peur, mais c'était hilarant !

Norbert sourit malgré lui, posant une main sur son cœur encore affolé. Il était tellement perdu dans ses pensées qu'il en avait oublié où il était et qui il attendait.

- Ça ne va pas, de me faire peur comme ça ! bougonna faussement le sorcier.

Leta rit à nouveau puis, se calmant enfin, lui demanda :

- Alors, qu'est-ce que tu voulais me dire ? C'est à propos des licornes, c'est ça ?

Norbert retrouva tout son sérieux et son malaise revint.

- Je... je ne sais pas si c'est ce qu'on doit faire, en fait...

- Si c'est pour aider des créatures en détresse, c'est ce qu'il y a à faire, proclama Leta avec une détermination nouvelle dans le regard qui fit sourire son ami.

- Très bien. On n'a pas d'autre choix que de retourner dans la forêt interdite vendredi soir, se lança Norbert en attendant des protestations de la part de la Serpentard.

Celles-ci ne vinrent pas. Elle se contenta de le regarder, écoutant attentivement.

- Sauf qu'il va falloir être beaucoup plus prudents que la dernière fois, continua le Poufsouffle. On va partir plus tôt, car on était arrivés trop tard il y a deux mois. On va apprendre des sortilèges de défense et s'entraîner très fort. Il faudra aussi empiler le plus de vêtements possible, parce qu'il fera encore plus froid. Mais surtout, il ne faut absolument pas que quelqu'un s'aperçoive de notre absence au château, ou on risque l'expulsion. Il va falloir préparer une diversion.

Norbert aperçut un éclat d'excitation dans le regard de Leta. Celui-ci le soulagea et l'inquiéta en même temps.

- Et qui est le meilleur en matière de chaos à Poudlard ? fit-il avec un sourire en coin.

- Peeves, souffla Leta, son sourire à elle s'agrandissant encore plus.

- Tout à fait. Mais encore faut-il qu'il nous écoute, et être sûrs qu'il ne nous dénonce pas. Et pour ça, il va falloir lui proposer un marché auquel il ne pourra pas résister.

- Et je suis sûre que tu as tout prévu, le devança la Serpentard. Je suis fière de toi, tu commences à t'y connaître vraiment en effraction de règles.

- Effectivement, j'ai réfléchi. Et je crois que j'ai trouvé le marché parfait...

***

- Si je résume bien, vous me demandez mon aide et mon silence en échange d'une réserve de farces et attrapes inépuisable ?

Les deux amis se trouvaient dans une salle de classe vide du deuxième étage, en compagnie de Peeves. Celui-ci avait écouté leur demande d'un air distrait, mais il était toute ouïe, à présent.

- C'est ça, approuva Norbert. J'ai fait quelques recherches et j'ai trouvé le sortilège de renouvellement perpétuel. Avec toutes nos réserves de farces et attrapes de chez Zonko et l'endroit parfait que personne ne pourra trouver, tu auras une belle réserve pour nous préparer les choses les plus... folles que tu puisse imaginer.

- C'est plutôt tentant, caqueta l'esprit frappeur en voletant vers le plafond. Votre proposition de diversion a déjà de quoi me séduire en soit, mais c'est intelligent de votre part d'acheter mon silence. Et quand il s'agit de farces, je tiens toujours mes promesses. Un marché est un marché. J'accepte de vous aider.

Norbert adressa un sourire ravi à Leta et tous deux laissèrent Peeves pour aller dîner dans la Grande salle.

- Si je comprends bien, on a trois jours pour apprendre des sortilèges de défense plus ton sortilège de renouvellement perpétuel, trouver un endroit parfait pour la réserve de farces et attrapes, et préparer une diversion avec un esprit frappeur effronté, résuma Leta sur le chemin.

Norbert soupira.

- Il faut croire que oui.

Il sentit le regard de son amie sur lui et leva les yeux vers elle. Elle souriait, un air attendri et déterminé sur le visage. Elle posa une main sur son épaule.

- Mais on sait pourquoi on fait tout ça. Vendredi, aucune licorne ne mourra. Et ce sera grâce à toi.

Norbert sourit à son tour, un peu faiblement.

- Grâce à nous.

Loin de tous (Les Animaux Fantastiques)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant