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Le lendemain soir, après les cours, Norbert retrouva Leta, accablé.

- Alors ? C'était comment ? demanda Leta.

- Je crois qu'il s'en fiche complètement, soupira le Poufsouffle.

Leta le regarda quelques instants, compatissante.

- Tu sais... fit-elle. J'ai réfléchi, et tu ne trouves pas ça bizarre que cet homme prenne la peine d'écrire un poème, et de le dire, le soir, comme ça, en exposant ses plans à tout le monde ? Je veux dire... quelqu'un d'intelligent ne donne pas ses projets aux ennemis sans raison...

- Pas si cette personne a envie de faire peur. Et c'est probablement le cas. C'était une menace, même si je ne sais pas exactement à qui elle s'adressait.

Leta baissa les yeux sur son parchemin, peinant à cacher son scepticisme. Norbert était encore plus désespéré que la veille. Si même son amie n'y croyait plus...

- Il faut que j'aille voir Dumbledore, décida-t-il.

- Dumbledore ?

- C'est le seul qui m'écoute.

- Moi, je t'écoute !

- Oui, mais toi, tu as 13 ans, et tu ne pourras pas faire grand chose.

Il l'avait vexée, il le voyait bien. Mais pour l'heure, sa seule préoccupation était le sort réservé aux licornes si il n'agissait pas.

- Il n'est pas là.

Norbert leva la tête.

- Quoi ?

- Dumbledore n'est pas là. Tu ne te souviens pas ? Il est parti en "mission", on n'a pas Métamorphose pendant deux semaines.

- Deux semaines ?! La pleine lune sera passée ! s'exclama Norbert.

Leta soupira.

- Toi, tu étais encore dans les nuages en cours.

Le Poufsouffle se prit la tête entre les mains.

- Mais qu'est-ce que je vais faire ? gémit-il.

- Là, maintenant, terminer ton devoir de potions. Il est déjà 19 heures.

Ce fut au tour de Norbert de soupirer.

- Bon... tu as une idée de comment utiliser des feuilles de Rémentine ?

*

Deux jours plus tard, Norbert n'était pas plus avancé. Il avait fait plusieurs fois le tour du château, à la même heure que le soir d'Halloween, mais il ne croisa personne d'autre que quelques élèves assez courageux pour braver le froid. Il rentra au dortoir avec une forte envie de taper dans quelque chose, et s'affala sur son lit.
La pleine lune était dans une semaine.

*

Le lendemain, il tenta de parler à Madame Boos, qui était sans doute elle aussi préoccupée par cette histoire, mais elle était si occupée qu'elle ne le laissa même pas entrer dans l'infirmerie. L'arrivée du froid avait causé une vague impressionnante de grippes et de rhumes.
La pleine lune était dans six jours.

*

Le vendredi, Norbert ne parvint pas à parler au Professeur Lorenz pendant le cours de soin aux créatures magiques, car les animaux qu'ils essayaient de soigner ne se laissaient pas du tout faire. Le Poufsouffle se demanda si le monde avait quelque chose contre lui pour l'empêcher ainsi de tenter quoi que ce soit.
La pleine lune était dans cinq jours.

*

Le jour suivant, Norbert passa la journée à la bibliothèque pour trouver quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait lui apporter une piste. Il relut tous les livres dans lesquels il se souvenait avoir vu la mention des licornes à un moment ou à un autre, il éplucha tous les ouvrages qui lui semblaient appropriés. Mais, même avec l'aide de Leta l'après-midi, il ne trouva rien de concret.
La pleine lune était dans quatre jours.

*

Le 8 novembre, comme il n'avait pas travaillé la veille, il dû faire tous ses devoirs et même en laisser tomber certains. Les professeurs semblaient s'être donné le mot pour leur donner un maximum de devoirs. Le soir, il profita du fait qu'il était seul dans son dortoir pour crier dans son oreiller; il n'avait jamais été aussi à bout de nerfs.
La pleine lune était dans trois jours.

*

Le lundi était le jour le plus chargé des élèves de quatrième année. Norbert eut à peine le temps, après les cours, de nourrir ses protégés qu'il était déjà 20 heures. Il résista à l'envie de rater le dîner en se disant que, de toute façon, il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pouvait bien faire.
La pleine lune était dans deux jours.

*

Le jour qui suivit, Norbert retourna voir Nigellus dans l'espoir que le directeur ait appris ou fait quelque chose d'intéressant, mais comme il s'y attendait, il reparti bredouille.
La pleine lune était le lendemain.

*

Le mercredi, Norbert se réveilla à l'aube et fixa un bon moment le plafond du dortoir. Il réfléchit ainsi, au petit-déjeuner, pendant les cours du matin, au déjeuner, durant les cours de l'après-midi, et, au fil de l'avancée de la journée, une dernière solution, affrayante mais incontournable, prenait place peu à peu dans son esprit. À vrai dire, il y avait pensé depuis le début, mais il l'avait ignoré du mieux qu'il pouvait, conscient du danger.
Mais à présent, il n'avait plus vraiment le choix. Ce soir, une licorne allait mourir.
Il allait mettre Leta en danger.
Mais il n'allait pas y arriver seul.
Il allait se mettre en danger.
Mais il n'avait plus le choix.
Ainsi, il attendit Leta, seul devant la bibliothèque, sans aucune intention d'y entrer, avec la dernière phrase qu'il lui avait adressée tournant en boucle dans sa tête.

"Ne prends pas ton sac, mets juste des habits chauds, et rejoins-moi ici".

Le stress monta peu à peu, un mélange de peur et, peut-être un peu, d'excitation.
Il allait enfreindre le règlement.
Il allait mettre son amie et lui-même dans une situation très délicate.
Mais c'était la dernière solution.
La pleine lune était arrivée.

Loin de tous (Les Animaux Fantastiques)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant